Billetterie

Mann is yours


Posté le 16.10.2017 à 11H


 

L'auditorium de Lyon est plein comme un œuf de bois blond lorsque le maestro accompagné de Guillermo del Toro et Thierry Frémaux fait son entrée en scène sous la pluie nourrie des applaudissements d’une foule de jeunes gens extatiques qui s’est levée instantanément. Venu présenter la director's cut restaurée en 4K de son chef-d'œuvre Heat, désormais considéré comme un classique, il est questionné avec passion et admiration par le cinéaste mexicain qui pointe avec pertinence la cohérence thématique et la dimension auteuriste de l'œuvre de l'américain.

 

 

Masterclass M Mann Chassignole 05

© Institut Lumière / Olivier Chassignole

 

Béni soit le festival Lumière qui seul permet ce type de rencontres au sommet pour le bénéfice du plus grand nombre. Il nous faut pourtant tendre bien l’oreille car se joue, dans la rangée des fauteuils qui nous surplombe, comme un remake du Pater d’Alain Cavalier. À savoir un échange passionné volubile et sonore entre ci-devant Monsieur le Président et son "premier ministre" d’un soir alias Rodin, alias Fred et tant d’autres rôles puissamment incarnés, qui, emporté par sa fougue nous laboure littéralement le dos à coups de pieds rageurs dans notre fauteuil ; ceux-ci ayant valeur de ponctuation !

À propos de Heat, Michael Mann révèle que les producteurs avaient décidé avant même de voir le film de l'amputer d'une demi-heure. Mais, confrontés à la première projection, ils durent s'incliner face à tant de maîtrise et de brio ! D'ailleurs pour justifier qu'il opte souvent pour un rythme parfois jugé trop lent, Mann cite un de ses poètes préférés : "Si la femme est trop rapide et l'homme trop pressé, l'amour est trop court !" Le cinéaste confirme plus loin son respect du spectateur et le plaisir qu'il prend à parier sur la vivacité de son intelligence afin de développer la concision de son style. Enfin questionné sur la scène mythique qui réunit les deux monstres sacrés, Pacino et De Niro, et pour tordre le cou à la légende qui veut qu'ils n'aient pas été réunis sur le plateau, Mann confie qu'il possède des plans larges réunissant les deux stars dans le même cadre mais, a t-il jugé, cela retirait de la force à la scène.

Emporté par sa fougue Guillermo del Toro s’attarde en louanges et questionnement multiples auprès du maître y compris durant la traduction au grand dam de l’interprète qui peine à suivre sous le regard amusé de la foule. Enfin la projection débute pour la grande satisfaction d’un "premier ministre" au bord de l’implosion qui, manifestement, n’envisageait pas devoir différer son plaisir plus longtemps…

 

Pierre Collier

 

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