NICOLAS WINDING REFN
ou le cinéma réinventé


Posté le 17.10.2017 à 13H00


 

Il sait sans conteste, jouer avec les nerfs du public. Après avoir projeté un énigmatique petit film en noir et blanc promettant un voyage vers "des terres inconnues", le cinéaste danois Nicolas Winding Refn a osé déclarer en direct "la mort du cinéma, lundi 16 octobre 2017" dans la "cathédrale" du 7e Art qu'est l'Institut Lumière, et demander à la salle comble face à lui de "respecter dix secondes de silence" !

 

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© Institut Lumière / Léa Rener

 

Mais c'était pour mieux célébrer, un instant plus tard, la "renaissance" du cinéma sous une nouvelle forme, en adéquation avec le numérique et la liberté de créer qu'offre la technologie "grâce à laquelle nous sommes tous photographes, musiciens, réalisateurs". "Une technologie que mes enfants manient avec un petit côté 'Va te faire voir Papa', que j'adore", a-t-il ajouté.

Pour plonger résolument dans ce cinéma de demain, Winding Refn lancera en février 2018 un site en trois langues, anglais, français et chinois, appelé ByNWR.com, a-t-il annoncé en exclusivité mondiale à Lumière 2017. Sur cette plateforme "entièrement gratuite et sans abonnement ni publicité, rien qui puisse corrompre la jeunesse" sera mis en ligne chaque mois, l'un des 200 films de la collection particulière du cinéaste, des œuvres achetées compulsivement, ces dernières années pour les sauver de l'oubli, a-t-il expliqué. "Ce film servira ensuite d'inspiration à des œuvres artistiques, que chacun pourra déposer sur le site", la seule obligation étant "que celles-ci "suscitent de la fascination et de la curiosité", a précisé le réalisateur de Pusher et Drive.

"À l'époque des frères Lumière, le cinéma était gratuit, et bientôt tout spectacle sera gratuit", a assuré Nicolas Winding Refn, très fier d'avoir piqué la curiosité de son public. Le tout premier film mis en ligne sur ByNWR.com sera The Nest of the Cuckoo Birds de Bert Williams, un film retrouvé et restauré par Winding Refn – pour 35.000 dollars de sa poche, a-t-il précisé, et projeté lundi soir à l'Institut Lumière, accompagné de Night tide de Curtis Harrington. "Ce film, que personne n'avait vu, était devenu une légende dans les milieux punks parce qu'un groupe, les Cramps, en avait fait une chanson", a rapporté le cinéaste. "Une fois restauré, je l'ai vu et… Ouaaaaah je n'avais jamais vu un truc comme ça !".

 

Rébecca Frasquet

Catégories : Lecture Zen