Posté le 22.10.2017 à 10h
Une standing ovation avant, une après, et entre les deux, une heure et quart de pur bonheur, comme en apesanteur, en compagnie d’un Charles Aznavour qui à 93 ans, a ravi le public par son élégance, son humour et sa philosophie de vie. Extraits choisis.
© Institut Lumière / Olivier Chassignole
«Je suis quand même le seul ambassadeur au monde qui n’a eu que son certificat d’études, ça m’amuse beaucoup.»
«J’ai été élevé dans un milieu de théâtre : mon père était un acteur, ma mère aussi, c’était du théâtre arménien. Avec mon père, j’allais à la Comédie française régulièrement.»
«J’ai commencé à jouer dans des opérettes marseillaises : il fallait jouer la comédie, chanter et danser. Le patron du Casino de Paris, Henri Varna, qui était très près de ses sous, avait appris que j’avais fait de la danse classique. Il m’a dit ‘Il nous manque quelqu’un pour danser avec les filles, on va vous mettre un tutu'. Et j’ai dansé en tutu, pendant des mois, à l’Alcazar. J’ai appris mon métier comme ça.»
«Un jour un monsieur qui s’appelle Jean-Pierre Mocky est venu me voir, il était une heure du matin et il m’a dit : 'Je vais tourner un film, j’aimerais que vous jouiez ce rôle et vous allez avoir un Oscar, mais vous ne pourrez pas chanter dans le film'.»
«Je suis très obéissant sur un tournage. Je ne suis pas le maître d’un film, je suis le maître de mon tour de chant, ce n’est pas du tout la même chose.»
«Après qu’on ait tourné Tirez sur le pianiste, Truffaut pensait que je devais faire À bout de souffle. Quand j’ai lu le script j’ai dit ‘Ce n’est pas pour moi, ce personnage est tout à fait libre, je ne suis pas encore libre'. J’ai remarqué qu'en disant ça je le libérais : il n’avait sûrement pas envie de tourner avec moi.»
«J’ai toujours des chaussures qui me plaisent, pour tourner. Il fallait que ma casquette me plaise, dans Un taxi pour Tobrouk. J’ai été élevé dans l’idée de Stanislavski, et les auteurs russes. Je n’ai pas appris la comédie, j’ai appris la comédie à travers les comédiens.»
«J’ai appris les classiques, avec Jean de La Fontaine. Déjà, j’étais comédien, je trouvais des voix, des manières de dire La Fontaine différemment. De La Fontaine je suis arrivé à Molière, de Molière à Guitry. Lorque j’ai commencé, je prenais des œuvres de Racine et de Corneille et je faisais de la musique dessus.»
«J’aime beaucoup Almodóvar parce qu’il écrit merveilleusement pour les femmes. Moi j’aime bien écrire pour les femmes aussi dans les chansons.»
«Le film La Poison de Sacha Guitry m'a donné l'idée d'écrire sur un fait de société. Je me suis rendu compte que je ne voulais pas écrire ce qu’écrivaient les autres, ‘je t’aime, tu ne m’aimes plus’. J’ai écrit sur les divorces, l’homosexualité, tout ce qu’on pouvait interdire, je le faisais.»
«L’âge vous savez, c’est une très bonne chose, vous vous en rendrez compte le moment venu. Ça ne me dérange pas d’être vieux, ce qui me dérangerait c’est d’être con, mais pas vieux.»
Rébecca Frasquet