Posté le 17.10.2017 à 18h48
William Friedkin au festival Lumière, c'est l'aventure "outrenoire" qui débarque avec quatre films projetés (entre autres) en une nuit, une nuit de la peur, une nuit de malade ! Une excellente idée tant ces fillms-là ont à voir les uns avec les autres.
Ce qui est sympathique si on prend toutes ses oeuvres ensemble : French Connection (1971), L'Exorciste (director's cut) (The Exorcist, 1973), Le Convoi de la peur (Sorcerer, 1977), La Chasse (Cruising, 1980), c'est qu'elles donnent tous envie de s'agiter, de livrer bataille, et dans le meilleur sens du terme. Elles explosent de héros prêts à vous sauter à la gorge, à ne jamais s'arrêter, à vous poursuivre à en perdre la tête, tel Gene Hackman, policier tenace sale comme un peigne de French Connection, Al Pacino blafard flic infiltré qui roule de ses yeux exophtalmés dans La Chasse, l'adolescente qui refuse toute vision dogmatique de la vie au point de tourner sa tête à 360° tel un hibou de L'Exorciste, ou les apatrides plongés en enfer qui lâchent toutes réticences et décence dans Le Convoi de la peur. Tous ont un point commun avec le spectateur : ils courent après eux-mêmes et sont prêts pour cela à plonger tout au fond.
Le cinéma de Friedkin version Lumière 2017, c'est aussi un voyage lointain, un voyage en Amérique, qui, même lorsqu'il ne se déroule pas aux U.S.A. comme Le Convoi de la peur, ou pour une partie French Connection, restitue quand même cette sensation de la démesure et de la démence yankee. Cousin américain de Pasolini, Friedkin filme sans relâche une traque à l'âme humaine, à ses zones inavouables mais très cinématographiques. Ce que l'on croit (la religion), l'addiction (à l'héroïne), les pulsions (sexuelles), la peur (de se faire démasquer), Friedkin le met à jour avec une conclusion fortiche : même si l'envie de fuir pour les personnages est bien là, elle est tout à fait inutile. On ne fuit pas ses démons intérieurs. Comme Friedkin est un très grand cinéaste, cette mise à jour se fait dans ses plus belles séquences plutôt dans les replis de la nuit, en secret, afin que le trouble ressenti soit plus intime encore. Et même quand il fait jour, Friedkin s'arrange pour que l'on repense par contraste, à la nuit tel ce plan atemporel du héros incarné par Pacino, qui face caméra, se demande qui il est et nous avec. En toute opacité.
Venez vous infiltrer dans la nuit Friedkin, courir après les trafiquants de drogue, enquêter sur les serial killer, tenter de vaincre le Diable ou partir à l'aventure en camion plein de nitroglycérine!
Virginie Apiou
Nuit William Friedkin
French Connection (1971, 1h44)
puis
Le Convoi de la peur / Sorcerer (1977, 2h01)
puis
La Chasse (Cruising, 1980, 1h42, int. -16 ans)
puis
L'Exorciste (director's cut) (The Exorcist, 1973, 2h02, int. -12ans)
Institut Lumière ve 20 à 21h30