Posté le 20.10.2017 à 15h
Sobre et pondéré, le Prix Lumière 2017 s’est livré hier en toute élégance, ses lunettes noires en accessoire. Au Théâtre des Célestins pour l’écouter : Jean-Paul Rappeneau, Jean Becker, Michel Ciment et plusieurs de ses collaborateurs, dont l’intrépide Christopher Doyle, son chef-opérateur.
© Institut Lumière / Olivier Chassignole
« En débarquant de Shanghai, à 5 ans, pour fuir la Révolution culturelle, nous pensions repartir vite. Nous parlions le mandarin, et la population de Hong Kong était cantonaise. 15 ans plus tard, mon père y était encore, 50 ans plus tard je connais mieux Hong Kong que Shanghai. Mais cette ville reste le berceau de mon enfance, j’y retourne régulièrement. »
« Nous ne connaissions personne à Hong Kong, et ma mère a compensé cette absence d’entourage par le cinéma. Nous nous rendions presque quotidiennement dans les salles, pour découvrir les films français, taïwanais, hollywoodiens… Un jour, mon père m’a emmené voir une "comédie romantique", ma mère était moyennement ravie car c’était en réalité un film de Fellini ! »
« Pour ma génération, la radio et le cinéma étaient des fenêtres ouvertes sur le monde. Je me suis dit : "C’est le monde auquel je veux appartenir". Dans les années 1970, souffle un vent nouveau pour la nouvelle génération, loin du style formaté du moment. Dans les années 1980, les films de gangsters sont à la mode et je choisis ce genre pour montrer les deux anti-héros de mon premier film, As Tears Go By (1988). C’était l’âge d’or du cinéma hongkongais, tout le monde voulait être le nouveau John Woo.»
« Je déteste écrire car c’est une phase de création trop solitaire. Mais je dois le faire car j’ai beaucoup de mal à trouver des auteurs. Les acteurs ont un script et, tous les matins à 7h, j’apporte les modifications écrites pendant la nuit, tout le monde s’adapte. Au final, je tourne la journée et j’écris la nuit, c’est du 24/24h. Et je me réserve le droit d’écrire encore pendant le montage ! »
« Il est vrai que je suis mon propre producteur mais il y a d’autres contraintes, comme celle de rendre sa copie à temps pour un festival (référence au retard de rendu de bobine pour 2046 au festival de Cannes de 2004, NdlR). C’est ainsi que les délimitations deviennent inspiration ! ».