Posté le 15.10.2017 à 11H
Jean-Pierre Melville aurait eu 100 ans et son cinéma précis et si reconnaissable n'a pas vieilli. Au contraire, il incarne parfois grâce à son abstraction graphique générale, une modernité de design, d'économie de mots oû tout se joue dans les regards, une façon de s'asseoir dans un cabaret ou de se tenir droit dans son trench coat, des sommets de noirceurs distanciées.
Fasciné par les États-Unis, Melville l'était, mais pas tant comme un reproducteur fan et servile, plutôt comme une source d'inspiration, une muse fantasmée qui lui servait de lunettes pour déformer, reformer, réinventer le polar et le film de gangsters français. Le film noir qui devient grisé, troublé, tel Le Doulos (1962), histoire féroce aux sons pourtant tués dans un Paris jamais filmé de cette façon. Un Paris de petites zones dangereuses où le héros qui n'a plus confiance en l'Homme tue très salement et déroute. Ce héros, ces héros, dont Bob le Flambeur (1955), ou celui du Doulos, se perdent dans leur propre absolu, celui de refuser de pouvoir vivre dans le monde actuel bien moins flamboyant et marrant que celui issu d'une imagination humaine tapie dans le cocon d'un studio de cinéma où tout est possible.
Les films de Melville sont alors aussi des grands films de studio et bien plus encore. Ce sont des rêves de vies, de déplacements dans des mondes sans attente, sans quête ordinaire, des mondes de joueurs, quitte à perdre à la fin. Il faut y entrer.
Virginie Apiou
Centenaire Melville
Bob le flambeur de Jean-Pierre Melville (1956, 1h38)
Lumière Bellecour ma 17 à 17h15 I Comœdia je 19 à 17h I Lumière Fourmi ve 20 à 19h45 I Pathé Bellecour sa 21 à 22h
Le Doulos de Jean-Pierre Melville (1963, 1h48)
Pathé Bellecour di 15 à 15h I Le Méliès (Caluire) je 19 à 20h30 I Comœdia ve 20 à 10h45 I UGC Confluence sa 21 à 20h15