Posté le 22.10.2017 à 10H
Acteur, réalisateur, photographe et globe-trotteur, Vincent Perez était à la Maison du livre, de l’image et du son de Villeurbanne pour une rencontre sincère et intense. Extraits choisis.
© Institut Lumière / Jacques Croizer
«J’ai grandi dans le canton suisse de Vaud, dans les terres, c’était magnifique, mes premiers souvenirs d’enfance sont magiques. Je suis né d’un père espagnol et d’une mère allemande, j’ai mis pas mal d’années à comprendre d’où venait ma famille. Pendant longtemps j’ai porté un poids dont je ne connaissais pas l’origine. En travaillant sur mon film Seul dans Berlin, tiré du roman éponyme d’Hans Fallada, j’ai fait des recherches sur ma famille, j’avais besoin de raconter cette histoire. Et je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup d’actes de résistance dans ma famille, contre le fascisme et le franquisme.»
«Enfant, je passais mes journées à dessiner et à jouer au foot. Un peu plus tard à l’école, j’ai commencé le théâtre, je mettais en scène mes camarades pour les spectacles et je jouais aussi. À 14 ans, j’ai joué ma première pièce. À la fin de la représentation, j’ai cru qu’on allait m’engueuler. En fait, tout le monde est venu me féliciter : tout d’un coup, j’étais là où je devais être ! Je me suis inscrit au Conservatoire de Genève puis je suis monté à Paris à 17 ans pour faire le Conservatoire : c’était incroyable de rencontrer des gens qui avaient la même passion que moi.»
«J’ai commencé à travailler avec Patrice Chéreau lorsque j’étais en troisième année au Conservation d’art dramatique de Paris. C’était extraordinaire de tourner avec lui, c’était quelqu’un qui vous poussait jusqu’aux limites. Il a été mon mentor, un maître qui m’a révélé. Il avait une force de travail incroyable, Patrice ne prenait jamais de vacances. Cette collaboration avec lui a contribué à définir mon approche de certains personnages que j’ai joués. Et puis, il m’a aussi fait beaucoup travailler mon humour, notamment sur le personnage de Serge dans Hôtel de France.»
«Le tournage de Cyrano de Bergerac a été un déclencheur pour tout : avec un Jean-Paul Rappeneau au sommet de sa gloire, des acteurs incroyables comme Gérard Depardieu, Anne Brochet et un rôle qui allait bien avec le travail que j’avais fait avec Patrice Chéreau. Je n’ai jamais revécu ça ! Et puis quand on est face à un acteur comme Depardieu, avec un personnage qui lui va tellement bien... C’était incroyable, j’étais émerveillé ! Pour jouer avec lui, il faut se laisser aller, on ne peut pas se retrancher, mais Gérard est porteur, il vous soutient.»
«La photographie est liée au métier d’acteur. Je pense que c’est mon moyen de nourrir l’acteur et le réalisateur que je suis. Pour mon premier livre, Un voyage en Russie, qui vient de sortir, j’ai rencontré des centaines de personnes pour réaliser des portraits. François Hébel, directeur des Rencontres d’Arles, m’a aidé à me façonner en tant que photographe. Ce qui m’intéresse avec la photo, c’est d’entrer dans la vie des autres, j’essaie de faire en sorte que la présence du sujet existe à l’image, de capturer un bout d’âme.»
Laura Lépine