Posté le 17.10.2017 à 19h06
C'est en tant qu'invitée d’honneur du Festival Lumière, que la réalisatrice Diane Kurys revient dans sa ville natale, avec des cadeaux plein les bras pour les cinéphiles : une rencontre à la Comédie-Odéon et la projection de quatre de ses films.
Des premiers flirts au lycée Jules Ferry de Diabolo menthe à la jalousie maladive du mari de Lena dans Coup de foudre, en passant par une passion dévorante au lendemain de la Seconde Guerre mondiale dans Pour une femme, l’amour est dans chaque plan, dans chaque scène des films de Diane Kurys. La cinéaste lyonnaise dépeint comme personne les sentiments et la sensibilité de personnages souvent inspirés de sa propre vie.
Il faut dire que bien avant que la petite Diane ne pointe le bout de son nez un matin de décembre 1948 à Lyon, l’histoire de sa famille avait déjà tout d’un film. Un père immigré russe qui sauve la vie de sa fiancée en l’épousant dans un camp d’internement français. Difficile de ne pas croire en l’amour avec un tel héritage. Dans son regard bleu azur, la petite croix-roussienne rêvait-elle déjà de graver cette union sur pellicule ? Entourée de sa mère et sa sœur, c’est à Paris que Diane Kurys fait ses premières armes au théâtre puis cinéma. D’abord en tant qu’actrice, notamment dans le Casanova de Fellini sorti en 1976.
Un an plus tard, elle passe pour la première fois derrière la caméra en signant Diabolo Menthe, inspiré de ses années lycée. Les premiers émois d’Anne et sa sœur Frédérique font battre le cœur de millions de français. Cerise sur le gâteau, le film culte de toute une génération s’est offert un bain de jouvence grâce à une sortie en salles cette année suivie d’une version restaurée éditée en août 2017. On ne résiste pas au plaisir de vous embarquer dans l’œuvre de cette cinéaste qui dépeint avec brio les tourments de l’adolescence et les mœurs d’une époque. Coup de projecteur sur trois films signés Diane Kurys qui ont marqué des générations de cinéphiles.
Diabolo Menthe
Dans la cour du lycée Jules Ferry, Anne, 13 ans et sa sœur Frédérique, 15 ans rêvent au grand amour dès la rentrée des classes. Le vinyle crépite, les boums s’organisent et les premiers flirts déboulent dans la vie des deux sœurs en quête de liberté. Dans le Paris des années 60, les adolescences bouillonnent de désir. Pour Diane Kurys, ce premier long-métrage inspiré de sa vie est un véritable coup de maître. Dès sa sortie en 1977, Diabolo Menthe connaît un succès foudroyant avec plus de trois millions de spectateurs. Couronné par le prix Louis-Delluc, le film entre dans l’histoire du cinéma français et devient culte pour toute une génération de français. Une pépite devenue madeleine de Proust pour de nombreux cinéphiles, qui fredonnent encore de temps en temps la chanson-titre d’Yves Simon.
Coup de foudre
Six ans après Diabolo Menthe, Diane Kurys, met en scène une histoire d’amitié singulière entre deux femmes (incarnées par Miou-Miou et Isabelle Huppert) pendant les années 50. Les adolescentes insouciantes et rêveuses ont laissé place à de jeunes femmes, que tout oppose et dont la relation va tout dévaster sur son passage. Réalisatrice confirmée, Diane Kurys poursuit ainsi l’exploration de son histoire familiale et met un point d’honneur à restituer les mœurs d’une époque. Baignée de lumière et de sensualité, le film est aussi une magnifique déclaration d’amour à sa ville natale où le film a été tourné.
Pour une femme
Une photo ancienne qui révèle un secret de famille bien gardée. A la mort de sa mère, Anne découvre une boîte remplie de souvenirs des jeunes années de ses parents. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, un mystérieux oncle débarque dans la vie de Lena (Mélanie Thierry) et Michel (Nicolas Duvauchelle). Dans ce récit autobiographique, Diane Kurys, incarnée par l’une de ses actrices fétiches Sylvie Testud (également Croix-roussienne) suggère qu’elle serait la fille de cet oncle énigmatique venu d’Union Soviétique à la fin du conflit : « au lieu de faire un test ADN, j’ai fait un film », a-t-elle confié dans un entretien accordé cette semaine au journal Le Progrès. Diane Kurys continue de tisser le fil de sa vie avec un réalisme poignant.
Laura Lépine