ANNA KARINA
Une femme libre qui "dégage grave"


Posté le 18.10.2017 à 15H00


 

Elle fut tour à tour Nana, Valérie, Veronica, Odile, Natacha, Suzanne, Justine... Candide, clair et franc, tout autant qu'énigmatique et félin, son regard, invariablement surligné d'un épais trait de khôl, imprime la pellicule. Pour profiter encore de la présence d'Anna Karina, au lendemain de sa master class à la Comédie Odéon, un documentaire inédit propose un émouvant portrait de cette actrice remarquable et incandescente.

 

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"On finit toujours par ressembler à ses rôles... ou alors ce sont les rôles qui finissent par vous ressembler", glisse-t-elle, encore gamine, mais déjà complice avec l'objectif. Face caméra dans un café ou une salle de cinéma, Ana Karina évoque sa carrière de comédienne, mais aussi de chanteuse, cinéaste et écrivain accomplie. Enfant livrée à elle même, fugueuse, elle s'amourache de Louis Armstrong, découvre Charlie Chaplin, s'évade dans les salles de cinéma, avant de quitter le Danemark, encore mineure, à l'âge de 17 ans. Arrivée à Paris, elle "tombe raide dingue" de la ville.

Repérée sur une terrasse de Saint-Germain-des-Prés, elle devient mannequin. "Elle était très sale mais avait un regard extraordinaire, qui dévorait les gens autour d'elle", se souvient celle qui lui offre ses premiers contrats. Coco Chanel trouve son pseudonyme : Anne Karin Bayer devient Ana Karina. C'est dans une baignoire, vantant les mérites d'un savon pour une publicité, que Jean-Luc Godard la découvre. Il lui envoie un télégramme, la convoque chez son producteur Georges de Beauregard. "Je vais tourner un film qui s'appelle A bout de souffle et je cherche quelqu'un pour se déshabiller... c'est un petit rôle", raconte-t-elle. "Comme il avait l'air bizarre avec ses lunettes noires, j'ai dit 'Ah non non' et je suis partie". 

Huit mois plus tard, Jean-Luc Godard la rappelle pour lui confier son premier rôle dans Le petit soldat. Le dernier jour du tournage, il lui glisse un petit mot "Je vous aime. Rendez-vous au Café de la Paix, à Genève, à minuit". Le portrait passionnant d'une artiste accomplie et d'une femme libre qui "dégage grave".

 

Rébecca Frasquet


DOCUMENTAIRES/ANNA KARINA
Anna Karina, souviens-toi de Dennis Berry (54min)
Jeudi 19 à 19h - Villa Lumière
En présence d'Anna Karina et Dennis Berry

Catégories : Lecture Zen