Crazy kung-fu

Acteur star des comédies des années 1990, Stephen Chow signe quelques-uns des plus grands succès commerciaux du cinéma hongkongais. À l’heure de la rétrocession et après les événements tragiques de la place Tiananmen, Chow répond à la tension politique par l’absurde. Il devient la figure emblématique du mo lei to, un humour irrationnel, touchant au slapstick. En grand spécialiste du genre parodique, le « roi de la comédie » asiatique fait, en 1994, ses premiers pas de réalisateur. Mais c’est avec le loufoque Shaolin Soccer, en 2002, que le cinéaste s’impose à l'étranger. Le film triomphe et lui ouvre les portes des grands studios hollywoodiens.

En 2004, avec Crazy Kung-fu, l’acteur-réalisateur affirme son univers déjanté et son comique de gag cartoonesque. Déclaration d’amour au cinéma, le film est un savoureux mélange des genres. Perpétuant la grande tradition du wu xia pan, le film de sabre, le cinéaste rend hommage à Bruce Lee et aux films des Shaw Brothers, mais puise également ses influences dans le cinéma occidental. À mi-chemin entre Tex Avery et Buster Keaton, entre Kill Bill et le western italien, Crazy Kung-fu grouille de références, mais aussi d’idées.

« Le film mute à vue d’œil, change de ton, ne cesse de ménager les surprises. C’est du Grand-Guignol destroy, un rêve de sale gosse bousillant à dessein ses plus beaux jouets. Stephen Chow […] parvient à donner à Crazy Kung-fu une véritable épaisseur, une drôle de “chair” burlesque. » (Aurélien Ferenczi, Télérama, 8 juin 2005)

À grand renfort d’effets numériques, entouré d’anciennes gloires du cinéma hongkongais des années 1970, Chow signe une comédie bondissante et survitaminée. En Asie comme à l’étranger, le cinéaste séduit la critique par son sens du spectacle et son excentricité. Crazy Kung-fu est un succès phénoménal.