Morceaux d’amour

Si le cinéma apparaît en Bulgarie dès 1897, à Roussé, avec la première projection de "vues" Lumière, le cinéma bulgare ne naîtra que très tardivement et ne connaîtra qu'une faible activité : entre 1915 et 1948, on ne compte qu'une cinquantaine de longs métrages.

Le 5 avril 1948, est votée la loi de nationalisation de la production. Les studios d'État tournent d'abord des documentaires, puis un premier long métrage de fiction en 1950. De façon encore plus marquée que dans les autres cinématographies de l'Est, l'influence soviétique conditionne les sujets abordés, le plus souvent patriotiques ou de propagande immédiate, et leur idéologie, dans la stricte observance du réalisme socialiste alors imposé, depuis l'URSS, par Jdanov. Il faudra attendre la fin des années 1950 pour que le culte de la personnalité s'amenuise.

La Nouvelle Vague (sans rapport avec la française), qui touche tous les pays du bloc de l'Est au début des années 1960, parvient également en Bulgarie, avec un certain décalage. Comme dans les autres "pays-frères", naît un cinéma plus intime, mêlant souvenir du néoréalisme, observation du vécu social et inspiration poétique, tous éléments peu utilisés jusqu'alors. Durant les vingt années suivantes, les festivals découvriront ainsi les films de Binka Geliazkova, Velo Radev ou Hristo Hristov.

Né à Lovech en 1957, Ivan Cherkelov est le fils du grand acteur Georgi Cherkelov. Après des études de cinéma à Sofia, il signe en 1982 un premier long métrage, Balada, puis en 1989, Morceaux d’amour. Dans une veine critique, le film explore les relations troubles et les évolutions des mœurs et de la société bulgare. Aucun des cinq films que le cinéaste a tournés ensuite n'a été présenté en France, mais plusieurs ont été récompensés dans des festivals européens tels Moscou, Cottbus, Thessalonique ou Karlovy-Vary, où Obarnata elha (Christmas Tree Upside Down) a obtenu le Prix spécial du jury en 2006. Ivan Cherkelov est aujourd'hui une figure majeure du cinéma national.