Ça t’la coupe !

Première production indépendante de Lloyd, Ça t’la coupe ! rencontrera un franc succès en salles. Dans cette comédie enlevée et attachante, le personnage d’Harold développe pour la première fois une relation forte avec sa partenaire féminine et séduit le public. C’est pourtant grâce à ses ressorts burlesques que le film passera à la postérité. Présentant l’une des plus ingénieuses courses-poursuites du cinéma muet, Ça t’ la coupe ! érige Lloyd en maître du genre.

Devenu la risée de la maison d’édition, Harold, humilié, rejette Mary. Déçue, elle se résout à épouser un homme qu’elle n’aime pas. Le héros devra surmonter sa timidité maladive pour voler au secours de sa belle.

Chez Lloyd, l’amour est prétexte aux exploits les plus acrobatiques. Dans une race-to-rescue millimétrée, véritable morceau de bravoure, il emprunte tour à tour tous les moyens de locomotion pour délivrer l’élue de son cœur. Enchaînant les gags, Ça t’la coupe !  déploie des trésors d’inventivité : dans une scène fameuse, le jeune homme bondit dans un véhicule à l’arrêt. Surprise ! Tirée en fait par une dépanneuse, la voiture part en marche arrière ! La poursuite, reine du slapstick, oscille entre comédie et suspens, illustrant le talent de Lloyd pour les courses contre la montre et les épreuves périlleuses.

Cette séquence tonique, brillamment orchestrée, cède le pas à un dénouement heureux. Les amoureux sont réunis, le danger écarté et le manuscrit finalement publié comme un livre comique, sous le nom cocasse de The Boob’s Diary.

Ça t’la coupe ! restera comme l’un des films les plus aboutis de Lloyd et sa course-poursuite trouvera de nombreux échos au fil du temps. Mike Nichols lui rendra un hommage vibrant à travers la scène finale du Lauréat, lorsque Dustin Hoffman se précipite pour interrompre les noces de sa bien-aimée.