Wong Kar-wai, né à Shanghai et installé à Hong Kong depuis l’âge de 5 ans, a fait des études d’arts graphiques à l’École polytechnique. Après un passage par le Production Training Course de la chaine TVB des frères Shaw où il devient assistant de production sur des séries, il entre à Cinema City comme scénariste et, en sept ans, écrira une cinquantaine de scripts - dont il ne signera qu'une dizaine. En 1988, il passe à la réalisation avec As Tears Go By.
La mode est alors aux films de gangsters, après le succès du Syndicat du crime de John Woo. Wong Kar-wai décide alors de s’inspirer de ses aînés américains : « Lorsque j’ai vu Mean Streets [de Martin Scorsese] pour la première fois, ce fut un choc car j’avais l’impression que l’histoire aurait pu tout aussi bien se passer à Hong Kong. En fait, je n’ai emprunté que le personnage joué par Robert De Niro. Les autres viennent de mes expériences. Lorsque j’étais scénariste, j’avais un ami proche qui était cascadeur dans les films et qui avait une expérience de gangster. Nous passions des nuits entières dans les bars des coins les plus mal famés de Hong Kong. […] J’ai ainsi passé trois ou quatre ans de ma jeunesse à boire, à me battre, à conduire des voitures rapides. »
As Tears Go By revêt évidemment les codes du polar version HK : deux petites frappes aux prises avec un gang rival, les bas-fonds, le code d’honneur, l’ultra violence, la vengeance, les maisons de jeux, les bars louches et les salons de massage… Mais le film pousse le genre vers la comédie, voire la parodie. Fly, dont Ah Wah est responsable, est un chien fou, une tête brûlée, s’engageant bien au-delà de ses capacités. Le Milieu y est dépeint comme le royaume de la bêtise impulsive la plus crasse.
As Tears Go By glisse également vers le mélodrame avec la relation paradoxale entre Ah Wah et sa cousine Ah Ngor (incarnés par ceux qui deviendront des acteurs du petit cercle WKW, Andy Lau et Maggie Cheung). On y voit l’opposition entre deux mondes inconciliables, deux vies aux antipodes, entre les nuits de néon de Hong Kong et la douceur balnéaire de l’île de Lantau.
Avec As Tears Go By, Wong Kar-wai signe un premier film encore loin de ce que sera son œuvre personnelle, mais qui préfigure son amour de Hong Kong, de la nuit, de la recherche visuelle et des amours contrariées.
As Tears Go By (Wang Jiao ka men)
Hong Kong, 1988, 1h28, couleurs, format 1.85
Réalisation : Wong Kar-wai
Scénario : Wong Kar-wai, Jeffrey Lau
Photo : Andrew Lau
Musique : Danny Chung, Sandy Lam (Take My Breath Away composé par Giorgio Moroder & Tom Whitlock)
Montage : Cheong Bei-Dak
Décors : William Chang
Production : Rover Tang, In-Gear Film
Interprètes : Andy Lau (Ah Wah), Maggie Cheung (Ah Ngor), Jacky Cheung (Fly), Alex Man (Tony), Wong Ang (Mabel), Kau Lam (Oncle Ba), Ronald Wong Ban (Ah Site), Kong To-hoi (Fat Carl), William Chang (le médecin de Ah Ngor)
Sortie à Hong Kong : 9 juin 1988
Présentation au Festival de Cannes : 14 mai 1989
Remerciements à Media Asia
Avec la permission de Media Asia International Distribution Limited
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