Concentré de film noir, héritier du polar des années 1950, Blast of Silence est la première réalisation d’Allen Baron. Film oublié du cinéma indépendant new-yorkais, Blast of Silence connaît une genèse difficile. Le film, tourné en 1961, est programmé au Festival de Cannes. Inachevé, il ne sera pourtant jamais présenté sur la Croisette. Par la suite, il ne connaîtra aucune sortie commerciale, ni à l’étranger ni aux États-Unis. Projeté çà et là dans de petites salles, il atteindra pourtant le statut de film mythique auprès d’un public cinéphile, dont Martin Scorsese qui y reconnaît l’un de ses films favoris sur New York. Après ce coup d’essai fulgurant, Allen Baron signe deux longs métrages sans audience avant de se tourner vers le petit écran. En France, il faudra attendre quarante-cinq ans pour découvrir Blast of Silence en salle.
Ce film à petit budget se faufile le long des docks brumeux et sillonne les avenues illuminées par les décorations de Noël. Ce New York jazzy, éclairé par un noir & blanc cru, dans la lignée de Shadows de Cassavetes, préfigure également le New York de Mean Streets de Scorsese.
Allen Baron incarne lui-même le gangster silencieux et revêche, silhouette noire enveloppée dans son pardessus. Mais la grande force dramatique du film réside dans sa narration rude, sorte de monologue intérieur du tueur. Lionel Stander prête sa voix grave et chaude à cette voix-off, fil d’Ariane du film. Le soliloque poétique et nerveux, criblé de phrases incisives et cyniques, raconte la solitude, les souvenirs douloureux, les rancœurs d’un prédateur en quête de rédemption.
« Le film se meut au gré des nombreux déplacements et rencontres du protagoniste, survivant de la solitude et de l’impuissance américaines. La mise en scène est superbe de simplicité. […] De la série B, plus impressionnante encore que celle érigée en art supérieur par les Joseph H. Lewis et autres Stuart Heisler. Un cinéaste à découvrir. Mieux vaut tard que jamais. » (Michel Cieutat, Positif n° 545/546, juillet 2006)
Blast of Silence
États-Unis, 1961, 1h17, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Allen Baron
Scénario : Allen Baron, Mel Davenport
Photo : Merill S. Brody
Musique : Meyer Kupferman
Montage : Merill S. Brody, Peggy Lawson
Décors : Charles Rosen
Production : Merrill S. Brody, Magla Productions
Interprètes : Allen Baron (Frank Bono), Lionel Stander (le narrateur) Molly McCarthy (Lorrie), Larry Tucker (Big Ralph), Peter Clune (Troiano), Danny Meehan (Petey), Milda Memonas (la petite amie de Troiano), Dean Sheldon (le chanteur), Charles Creasap (le contact), Bill Da Prato (le marin)
Sortie aux États-Unis : avril 1961
Sotie en France : 5 juillet 2006
Ressortie le 6 décembre 2017
Remerciements aux Films du Camélia
Restauration par Les Films du Camélia
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