Cronos

Premier long métrage pour le cinéma de Guillermo del Toro, Cronos débarque en 1993 et fait sensation dans tous les festivals où il est présenté, Cannes en tête où il recevra le Grand prix de la Semaine de la Critique.

Cronos, production mexicaine, est la rencontre entre un fantastique gothique anglo-saxon, teinté d’ H.P. Lovecraft et d’E.A. Poe, et d’une culture latino-américaine aux accents baroques. C’est un conte fantastique, « un conte de fées désabusé » selon son auteur, reprenant à son compte les thèmes de la vie éternelle, du vieillissement et de la mort. Cronos est surtout une variation autour du vampirisme : le cronos, objet mécanique et organique, cache en son sein un insecte qui offre la vie éternelle à qui lui offre du sang. Del Toro se débarrasse ici des poncifs du genre (canines pointues et vierges dévêtues) et fait de son vampire un monstre banni de la société, et de son besoin de sang une simple nécessité physique.

Cronos est ainsi un conte fantastique, un sombre et mélancolique poème, duquel un certain humour noir n’est pas absent.

« Le film témoigne d’une authentique maîtrise esthétique. La séquence d’ouverture utilise au mieux les ressources d’un fantastique gothique que le réalisateur mêle ensuite à un réalisme très contemporain. L’ensemble du film fonctionne ainsi sur des contrastes alternant grotesque (les caprices de l’intellectuel décrépit) et suspense (l’intervention de la petite fille) dans une ambiance morbide. À ce titre, les longues séquences où Jesus Gris ( !), le protagoniste incarné par Federico Luppi, se laisse parasiter par le cronos, accroché à sa peau nue à la manière d’un crabe monstrueux, ne laissent pas d’être fascinantes. » (Philippe Rouyer, Positif n°389/390, juillet/août 1993)