En vitesse

Dernier film muet d’Harold Lloyd, En vitesse constitue un bel adieu à l’ère du cinéma silencieux. Avec cette comédie à cent à l’heure, Lloyd s’illustre par son sens alerte de la mise en scène et son humour vif.

Le projet ne manque pas d’ambition. Le film s’ouvre sur un montage de New York, qui n’est pas sans rappeler l’introduction de La Foule de King Vidor, sorti quelques mois plus tôt. De Coney Island à Time Square, du Plaza à Greenwich Village, Lloyd capture le New York électrisant des années 1920. La foule des curieux provoqua un retard tel que le tournage dura douze semaines au lieu des quatre prévues. Des difficultés qui poussèrent Lloyd à faire construire une réplique de la partie ouest de Manhattan sur sa propriété californienne.

Speedy est un jeune homme qui ne tient pas en place, au grand dam de sa fiancée. Lorsque le grand-père de la jeune fille, conducteur d’un archaïque tramway, se voit proposer le rachat de son affaire, Speedy lui intime de ne céder que devant la somme rondelette de 70 000 dollars. Les ennuis commencent et le concurrent enlève la voiture. Si le véhicule n’effectue pas rapidement son trajet, le vieux Pop perdra sa licence ! Pas une seconde à perdre, Speedy doit retrouver le curieux attelage.

Film emporté, En vitesse atteint son apogée lors d’une scène de course-poursuite échevelée à travers un Manhattan en effervescence. Plein de cette énergie joyeuse qui le caractérise, Harold s’élance au milieu du chaos new-yorkais, à bord de cette voiture hors d’âge, pour le plus grand plaisir des spectateurs.

« Dans l’ordre du comique, c’est Harold Lloyd qui, par la vitesse de son jeu, rend le plus bel hommage à l’invention même du cinéma dont la loi est en mouvement (…). En vitesse — on ne trouverait pas une locution plus heureuse pour mettre en relief l’homme aux lunettes d’écaille. » déclare André Beucler (Avant-scène Cinéma n°197, décembre 1977)