L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot

Histoire de jalousie et de folie intérieure, L’Enfer devait être le grand film de Clouzot, un film révolutionnaire. Il s’entoure d’acteurs charismatiques, des meilleurs techniciens et artistes et se lance dans de d'étonnantes recherches plastiques. À la vue des essais avec Romy Schneider, la maison de production Columbia décide d’offrir au cinéaste un budget illimité. Clouzot se serait-il alors perdu dans sa création ?

Car L’Enfer prend des dimensions pharaoniques : trois équipes techniques, cent cinquante personnes sur le plateau… La légende dit que Clouzot ne dort plus, réveille ses collaborateurs à 2h du matin, ordonne de tourner le dimanche, bataille avec ses acteurs, provoque le départ de Reggiani, et que personne ne sait réellement ce qu’il fait et pourquoi… Le naufrage prend fin avec son infarctus, qui met un coup d’arrêt définitif à L’Enfer.

Film sur le film, L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot raconte cette histoire, à travers archives et entretiens avec les protagonistes. Il raconte également l’enlisement de Clouzot, son ambition démesurée et l’enfermement du cinéaste dans sa propre création - parallèle saisissant à l’histoire de son protagoniste Marcel enfermé dans sa jalousie psychotique. Mais L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot donne surtout à voir les images inconnues, jusque-là sous scellées à Bois d’Arcy. Puisant dans l’op'art et l'art cinétique, filtrant les couleurs, jouant avec les effets kaléidoscopiques, Clouzot révèle Romy Schneider comme elle ne l'a jamais été : moderne, vénéneuse, ligotée, fascinante, sexuelle, dominatrice. Le son ayant disparu, son visage pailleté d’or d’une indicible beauté captive encore d’avantage.

« On sait combien les films maudits excitent l’imagination des cinéphiles. Les précieux éclats de L’Enfer confirment cette irrépressible fascination. » (Vincent Thabourey, Positif n°581-582, juillet-août 2009)