Hellboy

Cela faisait des années que Guillermo del Toro, fan absolu de comics, souhaitait adapter Hellboy de Mike Mignola. Né en 1994, Hellboy a fait une arrivée tonitruante chez les amateurs, avec son graphisme unique, et un personnage hors normes. « Né des flammes, il est indestructible, tout en étant pourtant innocent et timide. C’est un être paradoxal. Ses origines et ce qu’il veut faire de sa vie sont en opposition complète, maintenus dans un équilibre instable. Issu du Mal, il a choisi d’œuvrer pour le Bien. » C’est ainsi que Mike Mignola décrit son Hellboy.

Del Toro convoque les comics, les sciences occultes, l’Histoire, le cinéma bis, Lovecraft… dans un formidable maelström doté de sérieux effets spéciaux. Mégaproduction américaine et film d’action fantastique, Hellboy n’en est pas moins un film personnel où le réalisateur s’attache à ses personnages. Entouré d’un homme-amphibie à l’intelligence supérieure et d’une femme à combustion instantanée, confronté à de véritables sadiques, Hellboy est un anti-héros en comparaison des habituels héros standardisés des comics américains. Il fait de la musculation, cigare aux lèvres, en regardant la télé avec ses chatons, se lime les cornes à la ponceuse électrique pour obtenir un aspect plus "humain", affiche une mauvaise humeur continuelle et  est très, très, orgueilleux. Mais surtout, il vient de l’Enfer et s’est mis au service du Bien. Hellboy est également à la fois un film drôle, avec un second degré plutôt irrésistible, et mélancolique, à travers une difficile histoire d’amour.

« Hellboy réussit son pari au-delà de nos espérances. Mais, outre son brillant casting (Ron Perlman est Hellboy), ses dialogues savoureux (on n’est pas loin du Jack Burton de Carpenter) et ses séquences d’action dantesques […], c’est l’intimité du projet qui surprend. Sincère et généreux, del Toro s’identifie à Hellboy et le filme avec un respect et une tendresse inouïe. […] Après Spiderman, voici le second film de superhéros très personnel et d’une intégrité artistique totale. » (Yannick Dahan, Positif n°521/522, juillet/août 2004)