Kinemacolor

Si le cinéma est bien né en noir & blanc, l’envie de rendre aux images leurs couleurs d’origine naît immédiatement après. À l’heure où les frères Lumière mettent au point leur procédé de photographie en couleurs, l’Autochrome Lumière, les premières expérimentations ont déjà vu le jour.

Ce programme mis au point pour le festival Lumière par le directeur de la Cineteca di Bologna et du Festival Il Cinema Ritrovato, redonne à voir, dans des restaurations exceptionnelles, les tout premiers films en couleurs de l’histoire du cinéma. Haut lieu de la préservation du patrimoine, la Cineteca possède la plus grande collection de films Kinemacolor, aujourd’hui réduite à une cinquantaine de titres, sur une production initiale de près d’un millier.

Dès 1906, le Britannique George Albert Smith et l’Américain Charles Urban travaillent sur un procédé qui rendrait aux images filmées leurs couleurs naturelles. Entre 1908 et 1914, le Kinemacolor connaît un véritable succès. Procédé bichrome à succession d’images pour projection additive, le Kinemacolor utilise, lors de la prise de vue comme lors de la projection, deux filtres de couleurs, l’un rouge/orangé, l’autre vert/cyan. Pour que la magie opère, il faut que la vitesse de projection soit de 32 images/seconde et non plus 16. Projeté majoritairement dans des théâtres, le Kinemacolor bénéficiera de salles dédiées au procédé.

Parallèlement, les sociétés françaises Gaumont et Pathé effectuent de nombreuses recherches. Pathé, avec son célèbre Pathécolor, colorise ses images, après développement du film en noir & blanc, directement sur le positif à l’aide de pochoirs, ce qui ne nécessite pas de matériel spécifique pour la projection. Gaumont de son côté dépose le brevet du Chronochrome, système de trichromie, en 1911 : trois lentilles enregistrent la même image, chacune à travers un filtre coloré, puis les trois images projetées avec chacune leur filtre deviennent, par superposition,  une seule à l’écran.

À travers ce programme exclusif, la magie et la fantaisie des débuts du cinéma en couleurs renaissent à l’écran. Vues urbaines ou paysages bucoliques, événements ou vie quotidienne, un spectacle émouvant et des films exceptionnels, « un florilège de documentaires en couleurs […] restaurés par L'Immagine Ritrovata, le labo-miracle de la Cineteca. » (Lucien Logette, Jeune Cinéma n°382-383, automne 2017)