La Chair de l’orchidée

Metteur en scène de théâtre novateur et estimé, Patrice Chéreau aborde pour la première fois le cinéma avec La Chair de l’orchidée, en 1975. Pour ses premiers pas au grand écran, le roman éponyme de James Hadley Chase est, pour lui, une évidence. « Quand j’ai pensé à faire du cinéma, c’est la première histoire qui s’est imposée à moi, que j’avais vraiment envie de raconter. [...] C’est une grande histoire mélodramatique foisonnante d’inventions, de personnages extraordinaires qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Il y a dans ce livre une sorte de spontanéité dans la méchanceté et dans la violence qui me fascine. C’est à mon sens le meilleur roman de Chase, le plus original, le plus délirant aussi. » déclare le cinéaste à la sortie du film.

Pour l’enfant prodige du théâtre qu’est Chéreau, les portes du cinéma s’ouvrent toutes grandes. Le réalisateur profite d’un budget considérable et s’entoure de quelques grandes actrices,  comme Edwige Feuillère ou Simone Signoret. Aux antipodes du rôle de Portier de nuit, qui la consacrait deux ans plus tôt, Charlotte Rampling incarne avec grâce le personnage de Claire, jeune femme trouble en quête de vengeance, toujours sur le point de s’enfoncer dans la folie.

Le cinéaste, qui avoue l’influence qu’exerce sur lui l’expressionnisme allemand, les œuvres de Murnau et de Lang, mais aussi celles de Huston et de Welles, recrée une atmosphère étrange et inquiétante. Chéreau signe une œuvre cruelle, sinistre et poétique, sous des pluies diluviennes, dans un camaïeu de gris et de bleu.

Si le film ne mène pas une grande carrière commerciale, il remporte pourtant un succès d’estime auprès de la critique et est par deux fois sélectionné aux César. Sur tous les fronts, Patrice Chéreau poursuivra son œuvre au cinéma, avec L’Homme blessé ou La Reine Margot, au théâtre, mais également sur la scène des opéras les plus prestigieux.