La Dame sanglante

Figure majeure du cinéma slovaque, Viktor Kubal s’impose, dès les années 1970, comme un pionnier de l’animation. Son œuvre anticonformiste puise ses racines dans le folklore slovaque.

En 1975, le cinéaste retrace, avec Brigand Jurko, la légende de Juraj Jánošík, un bandit qui, à la façon de Robin des Bois, vole les riches pour donner aux pauvres. Cinq ans plus tard, il signe, avec La Dame sanglante un long métrage d’animation muet, inspiré de la plus célèbre meurtrière de l’histoire slovaque.

À l’aube du XVII^e siècle, en Hongrie, près de trois cents témoignages accusèrent la comtesse Elizabeth Báthory de se livrer aux pires atrocités dans l’enceinte de son château. Le procès qui suivit fit état de meurtres sadiques et d’effroyables sévices commis sur des jeunes filles.

Ses complices furent condamnés et la comtesse fut enfermée dans l’enceinte de son château, afin d’épargner à son illustre famille le scandale d’une exécution. Si le nombre de victimes et l’exactitude des accusations sont toujours remis en cause par les historiens, le folklore s’empara bientôt de l’affaire et l’histoire macabre de la « comtesse sanglante », prit forme dans l’imaginaire populaire.

Ainsi naquit la légende d’une femme vampire, qui, pour conserver beauté et jeunesse, se baignait dans le sang de ses jeunes victimes. Entre vérité et mythe, histoire et légende, Viktor Kubal dresse, avec La Dame sanglante, le portrait ambigu d’une femme chez qui la cruauté triomphe.

« Les complexités de l’intrigue vont du lyrisme à l’expressionnisme, ponctuées de traits humoristiques et satiriques face à ses protagonistes. Le style simple et minimaliste de Kubal confère au film une force singulière. » déclare Peter Hames (Fairy-Tale Films Beyond Disney: International Perspectives, Routlege). Le film, entièrement restauré et numérisé, est présenté en avant-première au festival Lumière.