La Fureur des hommes

Grand d’Hollywood, Henry Hathaway, 60 ans, est déjà le réalisateur, entre autres, des légendaires Peter Ibbetson, Les Trois Lanciers du Bengale et Niagara quand il signe La Fureur des hommes. Il a touché à tous les genres, dont le western, qu'il a illustré une quinzaine de fois depuis ses débuts en 1932.

Avec La Fureur des hommes, Hathaway dissèque l’engrenage de la violence : si la soif de vengeance de Boyd est au départ injustifiée, elle devient fondée à partir du moment où, voulant lui échapper, Tod tue réellement un de ses fils. Campé par R.G. Armstrong, Boyd est un formidable personnage de méchant aux traits burinés, dont les éclairs d’humanité sont désarmants. Deux mondes s’affrontent. D’un côté, un vieil homme attaché à un code d’honneur qui, lentement, tombe en désuétude, de l’autre, un jeune héros pacifique, poussé à la violence par la force des choses. Car Tod tente d'abord de s’enfuir, puis essaye de prouver son innocence. En vain.

Pour Bertrand Tavernier, chez Hathaway la violence est « envisagée comme quelque chose de naturel ou d’inéluctable », les morts sont « d’une sécheresse qui apparente ses westerns à des films noirs » (Amis américains, Institut Lumière / Actes Sud). Sec, La Fureur des hommes n’inflige pas non plus de belle morale : il n’y aura aucune réconciliation.

« Disons nettement qu’il s’agit d’un des meilleurs westerns de la décennie 1950-1960. Sans aller jusqu’à l’enthousiasme débordant de William K. Everson qui en fait le chef-d’œuvre absolu d’une période allant de Wagonmaster (Le Convoi des braves, 1950) de John Ford à Ride the High Country (Coups de feu dans la sierra, 1962) de Sam Peckinpah, on est obligé de constater que chaque nouvelle vision le bonifie. » (Bertrand Tavernier, op. cit.)