« Quand, un après-midi à Sydney, j’ai vu les courts métrages de Jane Campion, j’ai été comme frappé par la foudre. J’ai perçu qu’il y avait un auteur, une œuvre en devenir. Je n’ai pas eu à me triturer l’esprit pour le savoir ; c’était, comme trente ans plus tôt, l’évidence de Preminger, de Mizoguchi, d’Ida Lupino. », confiait Pierre Rissient, qui fit découvrir Jane Campion en Europe (Mister Everywhere, Institut Lumière / Actes Sud). Cette évidence se confirmera avec les deux premiers longs métrages de la réalisatrice néo-zélandaise, qui accèdera à la reconnaissance internationale, critique et publique, avec ce troisième film.
Un piano échoué sur une plage des antipodes. Cette image, irréelle, appartient à La Leçon de piano. Aucune confusion possible. Inspiré de la littérature gothique du XIXe siècle, le film de Jane Campion raconte la puissance dévastatrice des pulsions amoureuses. Dans des paysages superbes et une atmosphère digne des sœurs Brontë, Ada porte sa robe à crinoline comme une chrysalide dont elle cherche à sortir. Son éveil sensuel passera par Baines, mi-colon, mi-Maori, incarné par un Harvey Keitel animal.
L’œuvre de Jane Campion tient du romantisme, dans ce qu’il a de sombre et dur. Les paysages sont puissants, la nature primitive intense ; la violence y est latente, éclatant parfois avec force ; la construction basée sur les oppositions : primitivisme vs. civilisation, puritanisme vs. liberté.
Tragique, sulfureux, La Leçon de piano, remarquablement accompli et totalement maîtrisé, recevra en 1993 la Palme d’or à Cannes, faisant de Jane Campion la première cinéaste récompensée.
« La Leçon de piano [est] une œuvre frémissante qui s’accorde à la fièvre des rapports humains et évite les pièges de l’académisme. Ce qui frappe, c’est la complexité du propos et l’évidence de la forme ou, pour reprendre la belle formule de Yann Tobin, "un film désespérément énigmatique tout en offrant une aveuglante clarté." » (Michel Ciment, Jane Campion par Jane Campion, Cahiers du cinéma)
La Leçon de piano (The Piano)
Nouvelle-Zélande, Australie, France, 1993, 2h01, couleurs (Eastmancolor), format 1.85
Réalisation & scénario : Jane Campion
Photo : Stuart Dryburgh
Effets spéciaux : Ken Durey, Wayne Rugg
Musique : Michael Nyman
Montage : Veronika Jenet
Décors : Andrew McAlpine
Costumes : Janet Patterson
Production : Jan Chapman, Alain Depardieu, Mark Turnbull, Ciby 2000, Jan Chapman Productions (Producteur exécutif : Pierre Rissient)
Interprètes : Holly Hunter (Ada McGrath), Harvey Keitel (George Baines), Sam Neill (Stewart), Anna Paquin (Flora), Kerry Walker (tante Morag), Genevieve Lemon (Nessie), Tungia Baker (Hira), Ian Mune (le pasteur), Peter Dennett (le chef des marins), Te Whatanui Skipwith (le chef Nihe), Pete Smith (Hone), Bruce Allpress (l'accordeur de piano aveugle), Cliff Curtis (Mana), Carla Rupuha (Heni), Mahina Tunui (Mere)
Présentation au Festival de Cannes : 15 mai 1993
Sortie en France : 19 mai 1993
Sortie en Australie : 5 août 1993
Ressortie le 13 décembre 2017
Remerciements à Carlotta Films
Restauration 2K en Australie sous la supervision de Jane Campion. Grâce à la NFSA (archives australiennes du film) qui a procédé à la restauration du son, il bénéficie également d’un nouveau mix VO 6 pistes.
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