Moyen métrage, La Main est le troisième segment du film à sketches Eros. Œuvre collective sur le sentiment amoureux et le désir érotique, Eros fut conçu autour du moyen métrage inédit de Michelangelo Antonioni, Le Périlleux Enchaînement des événements. Deux cinéastes de la nouvelle génération, héritiers du maître italien, y adjoindront leurs films : Steven Soderbergh avec Equilibrium et Wong Kar-wai avec La Main.
Tourné en une dizaine de jours, et un finale de trente-six heures ininterrompues, La Main est né pendant une interruption de tournage de 2046. La Chine, en pleine épidémie de SRAS, recommande à sa population d’éviter tout contact avec autrui. Le cinéaste a alors l’idée de cette ode au toucher.
Courant sur plusieurs années, la passion de Zhang pour mademoiselle Hua est faite de tensions et de frustrations, après un bref instant de plaisir. Elle devient un objet de fantasme, source d’inspiration pour ce jeune artisan dont le métier est de sublimer le corps féminin. Filmé dans des intérieurs peu éclairés, parfois claustrophobiques, La Main est une idéalisation de l’amour inaccessible.
Toujours accompagné de son chef opérateur Chris Doyle, de son directeur artistique Alfred Yau, et de l’inégalable William Chang aux décors, costumes, coiffure, maquillage…, Wong Kar-wai signe un opus dans la lignée de In the Mood for Love et 2046. Mais le geste sexuel jusqu’à présent invisible est ici assumé et explicite. Le travail sur le hors champ (Zhang entend mademoiselle Hua faire l’amour à travers une mince cloison) ajoute une intense tension sexuelle. Le fétichisme apparaît aussi, à travers les robes et les étoffes, comme autant de prolongement d’un corps resté inaccessible. Car l’issue est d’une sublime cruauté : mademoiselle Hua, malade, délaissée et condamnée à se prostituer pour survivre, se meurt. Son corps ne lui répond plus, sauf cette main encore agile.
« Wong Kar-wai signe l’une des scènes les plus érotiques du cinéma : l’extase discrète du serviteur de courbes féminines lorsqu’il glisse la main sous la robe étalée de sa cliente préférée, lointaine, absente, interdite. La magie de Wong Kar-wai est digne des sortilèges de Josef von Sternberg. » (Jean-Luc Douin, Le Monde, 6 juillet 2005)
La Main (The Hand / Shou)
Chine, France, 2004, 46 mn, couleurs, format 1.85
Réalisation & scénario : Wong Kar-wai
Photo : Christopher Doyle
Musique : Peer Raben, Caetano Veloso, Chico O'Farrill, Tito Puent
Montage : William Chang
Direction artistique : Alfred Yau
Décors & costumes : William Chang
Production : Jacky Pang Yee-wah, Roissy Films, Jet Tone Production, Block 2 Pictures
Interprètes : Gong Li (mademoiselle Hua), Chang Chen (Zhang), Tien Feng (Maître Jin), Auntie Luk (Ying), Jianjun Zhou (Zhao)
Présentation à la Mostra de Venise : 10 septembre 2004
Sortie à Hong Kong : 12 mai 2005
Sortie en France : 6 juillet 2005
Remerciements à Tamasa
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