La Planète des vampires

Auteur du classique gothique Le Masque du démon, qui érigea Barbara Steele au rang de star du film horrifique, et de Six femmes pour l’assassin, Mario Bava est le fondateur d’un genre nouveau et sanguinolent, le giallo, qu'il inaugure en 1962 avec La Fille qui en savait trop. Maître incontesté de l’horreur à l’italienne, Bava a néanmoins œuvré dans tous les registres du cinéma bis, du péplum macabre au film de vikings. Coloriste virtuose, le cinéaste, ancien chef opérateur et qui signe souvent la photographie de ses films, ose les contrastes psychédéliques les plus insolites, voilés par des brumes épaisses.

Dans La Planète des vampires, Bava plante ses décors dans un cosmos éminemment fantastique. En fait de décors, le cinéaste, faute de budget, doit se contenter d’un vaisseau vide et grossièrement futuriste, jonché de tableaux de bord multicolores, et de quelques gros rochers en plastique, vestiges du tournage d’un péplum. Le scénario est mince et les astronautes, affublés de combinaisons sommaires, s’expriment dans un jargon pseudo-scientifique qui prête à sourire.

Pourtant, La Planète des vampires est une indiscutable réussite plastique, et Bava s’impose comme un véritable inventeur de formes.

Épopée intergalactique aux couleurs pop, La Planète des vampires élève l’artifice au rang de style. Objet de l’admiration de nombreux cinéastes, dont Nicolas Winding Refn, qui participera à sa restauration, le film inspirera quelques moments emblématiques de la science-fiction, comme Alien de Ridley Scott.

« Ce film est surtout une démonstration du génie pictural de Mario Bava. Contraint de réaliser un film pratiquement sans budgets ni décors, le maître italien se surpasse en composant une planète infernale avec simplement deux rochers, des brumes et des éclairages magistraux. Le résultat est une symphonie macabre, une merveille de flamboyance nocturne. » (Laurent Aknin, Avant-scène Cinéma n°634, juin 2016).