La Terreur des Batignolles

Jeune homme, Henri-Georges Clouzot ambitionne d’intégrer l'École navale. Celle-ci finalement inaccessible pour raisons médicales, il se tourne vers une carrière diplomatique et politique. Mais un temps seulement. Il devient alors tour à tour chroniqueur à Paris-Soir, auteur de sketchs, parolier pour chansonniers, auteur de lyrics d’opérettes et enfin couteau suisse au sein de la société des Films Osso…

C’est ainsi qu’il réalise en 1931 son premier et unique court métrage, entre deux missions scénaristiques pour Osso. La Terreur des Batignolles, avec son titre ironique, est bien un film comique : l’histoire d’un cambrioleur maladroit et clairement malchanceux quand il s’aperçoit que l’homme et la femme en tenue de soirée ne sont pas les propriétaires, mais un couple de cambrioleurs plus malins que lui !

« L’étonnement commence dès le générique : scénario de Jacques de Baroncelli, montage sonore de Marguerite Houlé (alias Renoir), musique de D.E. Inghelbrecht. Quel plateau pour un sketch de 15 minutes ! […] On est frappé, dès la première séquence, par le soin apporté à la réalisation : ombres inquiétantes, effets de clair-obscur, chat miaulant à la lune… La caméra cadre les pieds du personnage, exactement comme elle le fera plus tard dans Retour à la vie. […] Quant à l’acteur Boucot, plus connu comme Costaud des P.T.T., long métrage produit la même année par la même firme, il joue son rôle habituel de boute-en-train un peu pataud, un peu gavroche, rodé depuis longtemps au music-hall. Il est bien de la famille de ces gagne-petit du spectacle, chers à l’auteur de Quai des Orfèvres. » (Claude Beylie, Cinéma 91 n°478, juin 1991)

La Terreur des Batignolles fut longtemps considéré comme disparu, l’occasion ici de découvrir un Clouzot comique, portant déjà les grandes lignes de son œuvre future.