Entre 1958 et 1959, Henri-Georges Clouzot décide de suivre plusieurs procès en cour d’assises, dont il fait le compte rendu dans les journaux. Il a un choc : ce n’est pas l’acte qui est jugé, mais son auteur, qui voit là sa vie résumée en quelques heures. Parallèlement, le producteur Raoul Lévy, qui a sous contrat Brigitte Bardot, propose à Clouzot de diriger la jeune femme. Elle est une vedette, le producteur rêve d’en faire une comédienne reconnue pour son talent. Clouzot accepte et décide de s’inspirer de ses expériences aux assises afin d’écrire pour Bardot.
La rencontre Bardot-Clouzot fait évidemment la une des journaux dès le début du tournage : l’idole de tout un pays face au metteur en scène qui maltraite ses acteurs. Si l’on en croit la légende, Clouzot giflerait la jeune femme, qui lui donnerait la pareille la semaine suivante. Clouzot adopte surtout ses méthodes habituelles : une tension extrême afin que BB exprime ce qu’elle n’a jusque-là jamais exprimé. Pour Clouzot, elle devient ici tragédienne.
« J’ai voulu montrer cette ambiguïté constante de la vérité et les éclairages différents qu’on peut donner à un événement. » Dans cette autopsie d’un procès aux assises, chaque protagoniste donne sa version de la vérité. Mais c’est surtout la confrontation de deux mondes que décrit Clouzot : la jeunesse libre vs. les puritains moralisateurs. Le cinéaste, qui déclare au Monde (3 novembre 1960) « Je ne juge pas mais je suis contre toute peine de mort et réprouve autant les attentats que la façon dont on les réprime. », choisit le camp de la jeunesse. Mais cette jeunesse ne lui en sera pas reconnaissante. Les Jeunes Turcs du cinéma français reprochent à Clouzot son formalisme, son classicisme, son cinéma à l’ancienne. Une époque se termine, nous sommes dans les années 1960.
Pourtant, La Vérité est un succès, on salue la précision du scénario et de la mise en scène. Le film est ainsi choisi pour la course à l’Oscar du meilleur film étranger. Roger Tailleur, de conclure dans les colonnes de Positif « Ce qui m’enchante dans La Vérité, c’est ce dont le cher cinéma américain depuis toujours me comble, c’est ce que m’apportait aussi En cas de malheur, c’est la rencontre bénéfique d’un vrai metteur en scène et d’une authentique bête de cinéma, du cerveau et du cœur, de la lucidité et de la passion, ce sont les vertus intéressées mais efficaces du star-system. » (n°38, mars 1961)
La Vérité
France, Italie, 1960, 2h10, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Henri-Georges Clouzot
Scénario & dialogues : Henri-Georges Clouzot, Simone Drieu, Michèle Perrein, Jean Clouzot (sous le pseudonyme de Jérôme Géronimi), Christiane Rochefort, Vera Clouzot
Photo : Armand Thirard
Montage : Albert Jurgenson
Décors : Jean André
Production : Raoul Lévy, Han Productions, C.E.I.A.P.
Interprètes : Brigitte Bardot (Dominique Marceau), Sami Frey (Gilbert Tellier), Marie-José Nat (Annie Marceau), Charles Vanel (Maître Guérin), Jacqueline Porel (la secrétaire de Maître Guérin), Paul Meurisse (Maître Eparvier), Barbara Sommers (Daisy), Suzy Willy (Mme Marceau), Christian Lude (M. Marceau), Jacques Perrin (Jérôme), Jean-Loup Reynold (Michel), Claude Berri (Georges), René Blancard (l'avocat général), Charles Bouillaud (l’avocat d'Annie), Fernand Ledoux (le médecin légiste)
Sortie en France : 2 novembre 1960
Ressortie le 8 novembre 2017
Remerciements au distributeur Les Acacias et à Park Circus
Restauration Park Circus
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox