Force vive du Nouvel Hollywood, William Friedkin signe avec Le Convoi de la peur son septième film. Fort du succès planétaire de L’Exorciste et de French Connection, le cinéaste se lance tête baissée dans l'adaptation de l’œuvre de Georges Arnaud, Le Salaire de la peur, portée à l’écran vingt-cinq ans ans plus tôt par Henri-Georges Clouzot.
Friedkin répond au chaos par le chaos et décrit une épopée étouffante, portée par l’envoûtante bande originale du groupe Tangerine Dream. Critique acerbe d’un capitalisme carnassier, Le Convoi de la peur est un film sans concession. Cette odyssée de l’extrême atteint son apogée lors de la célèbre scène de la traversée d’une passerelle branlante par les deux camions, qui demandera à elle seule plusieurs mois de préparation.
À cause du déferlement de catastrophes qui ont ponctué son tournage, Le Convoi de la peur est inscrit au panthéon des films maudits. Mais, de la République dominicaine au Mexique, ni les maladies ni les incidents techniques n’arrêtent Friedkin. Affichant son légendaire sens de la démesure, le cinéaste tourne en extérieurs, détruit et reconstruit le pont suspendu, pompe l’eau de la rivière pour simuler une averse. Les camions chutent et le budget explose inexorablement, passant de deux à vingt-deux millions de dollars.
Le film, mal accueilli, est rapidement éclipsé par l’arrivée tonitruante de Star Wars. Malgré cet échec commercial retentissant, Friedkin signe sans doute avec Le Convoi de la peur son film le plus inspiré et le plus radical : «Œuvre-bascule, film-limite, Sorcerer l’est follement, jusque dans son essence qui porte l’élan du Nouvel Hollywood à un point de surchauffe et de nihilisme sidérants, entre opérations abstraites d’un réalisme halluciné et abandon éperdu aux éléments de la nature. » (Julien Gester, Libération, 12 juillet 2015)
Longtemps resté dans l’ombre, le film est aujourd’hui reconnu comme une œuvre hors du commun. À la faveur de rétrospectives, le public redécouvre Le Convoi de la peur en 2015, dans une version director’s cut entièrement restaurée.
Le Convoi de la peur (Sorcerer)
États-Unis, 1977, 2h01, couleur, format 1.85
Réalisation : William Friedkin
Scénario : Walon Green, d’après le roman Le Salaire de la peur de Georges Arnaud
Photo : John M. Stephens, Dick Bush
Direction artistique : Roy Walker
Effets spéciaux : Tony Parmelee
Musique : Tangerine Dream
Montage : Bud Smith
Décors : John Box
Costumes : Anthony Powell
Production : William Friedkin, Film Properties International N.V, Paramount Pictures, Universal Pictures
Interprètes : Roy Schneider (Scanlon "Dominguez"), Bruno Cremer (Victor Manzon "Serrano"), Francisco Rabal (Nilo), Amidou (Kassem "Martinez"), Ramon Bieri (Corlette), Peter Capell (Lartigue), Karl John (Marquez)
Sortie aux États-Unis : 24 juin 1977
Sortie en France : 15 novembre 1978
Remerciements au distributeur Les Bookmakers
Restauration Warner et Paramount – scan 2K. 2012.
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