Le Coureur

Sur les plages dorées du golfe, Amiro hèle les bateaux et regarde les avions s’envoler, inaccessibles et lointains. Les paysages infinis, les vastes panoramiques, les mouvements amples de la caméra qui glisse sur la mer racontent mieux que les mots ce désir d’évasion qui gronde. Amiro rêve de grand large. Deux courses se jouent pour l’orphelin : la première, pour survivre aujourd’hui, la seconde, acharnée, pour s’échapper demain.

Amir Naderi étire des plans superbes, sa caméra accompagne en longs travellings la course de l’enfant. On regarde Le Coureur « comme un documentaire sur la vie quotidienne d’un gamin pauvre d’une grande ville iranienne et comme une œuvre d’art. Raffinée, sauvage, symbolique » (Louis Skorecki, Libération, 7 décembre 1986)

Réalisateur iranien, Amir Naderi commence sa carrière comme caméraman, puis devient assistant-réalisateur. En 1971, il passe derrière la caméra et tourne son premier film. Pendant près de vingt ans, Naderi participe à l’émergence du nouveau cinéma iranien. En 1984, Le Coureur passe à travers les mailles de la censure iranienne et vaut au cinéaste une reconnaissance internationale. Le film est projeté en festival, de Venise à Tokyo, et est récompensé par la Montgolfière d’or au Festival des Trois continents de Nantes.

Aujourd’hui considéré comme une œuvre essentielle du cinéma iranien, le film d’Amir Naderi nous entraîne dans une course effrénée, initiatique et militante.

« C’est ce regard d’enfant qui rend l’insupportable vivable, qui fait cohabiter le cruel et le beau, le déchet et le rêve dans un même lieu. Et sa vision du monde, loin d’être un prétexte, devient un filtre, un code impressionniste qui n’ôte rien, ni à la poésie ni à la cruauté de cette jungle sans arbres, de cette ville sans maisons. Ce regard vagabond est aussi celui du cinéaste. » (Frédéric Sabouraud, Cahiers du cinéma n°390, décembre 1986)