Chronique d’un village de la Slovaquie fascisée, Le Miroir aux alouettes est une œuvre à la portée historique, mais surtout, humaine.
Sous une facture classique, le film étonne par son humour franc, inattendu dans ce contexte de tensions antisémites. Le comique naît du tandem improbable que forment le brave Tono et la vieille femme autoritaire. Entre les deux comparses, c’est un perpétuel quiproquo. Enfermée dans sa surdité, la dame ne semble pas comprendre le rôle de gérant aryen de Tono, et celui-ci, quelque peu embarrassé par cette position non désirée, lui laisse croire qu’il est son commis. Très vite, l’incompréhension fait place à une forme de tendresse. Mais vient l’heure de la déportation de la population yiddish. Le film prend un virage dramatique, l’action s’accélère et le comique cède le pas au tragique.
Malgré son désir de protéger la vieille femme, Tono n’a rien d’un héros. Le pauvre diable, affligé d’une épouse tyrannique et d’un beau-frère nazi, va constamment où le vent le pousse. Il croit pouvoir s’acquitter de sa mission, s’enrichir même, sans jamais nuire à la vieille dame.
Ján Kadár et Elmar Klos interrogent, à travers le portrait de Tono, la responsabilité des gens humbles, du petit peuple qui ne pense pas à mal. Dans un contexte fasciste, ne pas choisir, c’est collaborer. Les compromis deviennent des crimes et la lâcheté peut rendre complice.
En 1965, Le Miroir aux alouettes est en compétition à Cannes et remporte l’Oscar du meilleur film étranger. « C’est un film discret, feutré, pudique, qui, sous la grisaille apparente, est d’une remarquable justesse de ton. Aucun sermon, aucun discours, mais la vie quotidienne dans sa banalité. Une banalité qui soudain débouche sur la tragédie. Ján Kadár et Elmar Klos ont décrit avec une affection teintée d’humour leurs personnages. Cette affection est contagieuse. » (Jean de Baroncelli, Le Monde, 22 mai 1965)
Le Miroir aux alouettes (Obchod na Korze)
Tchécoslovaquie, 1965, 2h08, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Ján Kadár, Elmar Klos
Scénario : Ján Kadár, Elmar Klos, Ladislav Grosman, d’après une histoire de Ladislav Grosman
Photo : Vladimír Novotný
Musique : Zdenek Liska
Montage : Diana Heringova, Jaromír Janácek
Décors : Karel Skvor
Costumes : Marie Rosenfelderova
Production : Milos Broz, Jaromír Lukás, Filmové studio Barrandov
Interprètes : Ida Kaminska (Rozalia Lautmannová), Jozef Kroner (Antonin "Tono" Brtko), Hana Slivková (Evelyna Brtková), Martin Hollý (Imro Kuchar), Adam Matejka (Piti Báci), Frantisek Zvarík (Markus Kolkocký), Mikulás Ladizinský (Marian Peter)
Présentation au Festival de Cannes : 20 mai 1965
Sortie en Tchécoslovaquie : 8 octobre 1965
Remerciements à Národní filmový archiv
Restauration 4K à partir des négatifs originaux image et son par Universal Production Partners (image) et Soundsquare (son) à Prague avec le soutien de la Czech Film Foundation, d'Universal Production Partners et du Ministère de la Culture de la République tchèque.
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