« Il n’est pas donné à tout le monde de faire deux fois un premier film. C’est un luxe qui se paie en traversées du désert et en listes noires. Comme Marie Lafée, Rivette pourrait dire : mais je suis toujours vivant, moi ! Le Pont du Nord prouve qu’il est même très vivant. » (Serge Daney, Libération, 26 mars 1982).
Cinq ans après son dernier film, Noroît, Jacques Rivette revient avec Le Pont du Nord. Sa genèse fut compliquée. Le cinéaste voulait faire un bilan de la France en 1980, dix ans après Out One. Son projet prendra finalement la forme d’une déambulation dans Paris, sans bilan, avec des personnages qui se construisent au fur et à mesure. Le Pont du Nord se verra refuser l’avance sur recettes à plusieurs reprises. Manquant de financement, Rivette décide alors de tourner entièrement en extérieur, en lumière naturelle, et ainsi de faire souffrir le personnage de Marie de claustrophobie.
Dans un Paris minéral, montré comme rarement au cinéma, deux femmes, deux générations, vont vivre quelques jours ensemble : Marie, la rationnelle, passionaria et terroriste des années 1970, et Baptiste, déconnectée du réel, guerrière karatéka sans cause. Un itinéraire initiatique où l’on retrouve les obsessions de Rivette, le complot et la machination politique.
Pour qu'elles préparent leurs rôles, Rivette offrait à ses comédiennes le Don Quichotte de Cervantes. Bulle Ogier inscrit son personnage dans la continuité de celui de la terroriste qu’elle campait dans La Troisième Génération de R. W. Fassbinder. Un personnage qui continue de vivre quel que soit l’auteur qui le porte à l’écran. Le Pont du Nord fixe également l’image de Pascale Ogier, étoile filante du cinéma français, au talent brut, icône des "Jeunes gens modernes".
Le Pont du Nord enregistre enfin un Paris en pleine mutation. Entre le tournage et la sortie en salles, il y aura eu 1981, l’élection de François Mitterrand et la fin des années Giscard. Jacques Rivette, comme il le fera à plusieurs reprises, date son film : « Octobre 1980, une époque déjà lointaine. »
Le Pont du Nord
France, 1981, 2h09, couleurs, format 1.37
Réalisation : Jacques Rivette
Scénario :Jacques Rivette, Suzanne Schiffman, Bulle Ogier, Pascale Ogier
Dialogues : Jérôme Prieur
Photo : William Lubtchansky, Caroline Champetier, Mathieu Schiffma
Musique : Astor Piazzolla
Montage : Nicole Lubtchansky, Catherine Quesemand
Production : Jean-Pierre Mahot, Barbet Schroeder, Les Films du Losange, Lyric International, La Cecilia
Interprètes : Bulle Ogier (Marie), Pascale Ogier (Baptiste), Pierre Clémenti (Julien), Jean-François Stévenin (1er Max), Benjamin Baltimore (2e Max), Steve Baes (3e Max), Joe Dann (le joueur de Bonto), Mathieu Schiffman (un Hongrois), Julien Lidsky, Antoine Gurevitch, Marc Truscelli (les trois enfants)
Présentation au Festival de New York : 7 octobre 1981
Sortie en France : 24 mars 1982
Remerciements aux Films du Losange
Restauration 4K d'après le négatif 16mm, supervisée par Véronique Rivette et Caroline Champetier chez Digimage Classic, avec l'aide du CNC et de l'aide à la numérisation des œuvres.
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