Inspiré d’une légende same, peuple plus connu sous le nom de Lapons, Le Renne blanc est le premier long métrage du cinéaste finlandais Erik Blomberg. Mais Blomberg n’a rien d’un débutant et s’est illustré, dès les années 1930, en tant que chef opérateur du cinéaste Nyrki Tapiovara. En 1952, il passe derrière la caméra et signe, avec Le Renne blanc, une œuvre mémorable du cinéma finlandais.
Film au budget réduit, tourné en décors naturels et dans des conditions que l’on devine extrêmes, Le Renne blanc penche d’abord du côté du documentaire. Mais derrière le folklore et le quotidien rude des éleveurs, se dessine une fable glaçante. Aux côtés de sa compagne et actrice, la dramaturge Mirjami Kuosmanen, le cinéaste puise dans la mythologie finlandaise, mais également dans une tradition universelle de métamorphoses animales, bien connues du cinéma d’épouvante.
Usant de sa nouvelle apparence pour attirer les chasseurs de rennes, Pirita tente d’assouvir ses pulsions charnelles - la jeune femme ira jusqu'à dévorer ses proies. Érotisme, violence et poésie s’enchevêtrent dans l’œuvre de Blomberg, qui interroge le désir féminin et les rapports de domination entre les sexes. Pirita rejoint les rangs de ces héroïnes damnées, dont la malédiction n’est pas sans rappeler celle de Simone Simon dans La Féline.
Sans effets spéciaux, le film ne fait que suggérer avec force, comme le classique de Jacques Tourneur. Blomberg distille le fantastique à travers des jeux de transparence et de lumière. Ses paysages saturés de neige et la clarté de ce froid polaire forment un écrin pour cette atmosphère onirique. Dans un noir et blanc incandescent, le cinéaste livre une œuvre à la plastique envoûtante.
Grand spécialiste du cinéma finlandais, Peter von Bagh déclare : « Erik Blomberg avait atteint une telle maturité professionnelle, une telle perfection, que Le Renne blanc, œuvre aux accents mystiques et chamanistes et aux mille rebondissements, reste, avec Soldats inconnus, d'Edvin Laine, le représentant le plus connu à l’étranger de la vieille génération du cinéma finlandais. » En effet, Le Renne blanc impose Blomberg sur le plan international. Le film remporte un Golden Globe et multiplie les sélections en festival. À Cannes, c’est Jean Cocteau, président du jury, qui lui décernera le Prix international du film légendaire.
Le Renne blanc (Valkoinen peura)
Finlande, 1952, 1h08, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Erik Blomberg
Scénario : Erik Blomberg, Mirjami Kuosmanen
Photo : Erik Blomberg
Musique : Einar Englund
Montage : Erik Blomberg
Costumes : Mirjami Kuosmanen
Production : Aarne Tarkas, Junior-Filmi
Interprètes : Mirjami Kuosmanen (Pirita), Kalervo Nissilä (Aslak), Åke Lindman (le garde forestier), Jouni Tapiola (le gardien de rennes), Arvo Lehesmaa (Tsalkku-Nilla)
Sortie en Finlande : 25 juillet 1952
Présentation au Festival de Cannes : avril 1953
Remerciements à Tamasa
Restauration par la Cinémathèque de Finlande à partir du négatif original.
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