Metropolis, fresque gigantesque et visionnaire, représente l’aboutissement du mouvement expressionniste allemand, mais aussi un des sommets du cinéma muet. Lors d’un voyage d’études aux États-Unis, en compagnie d’Erich Pommer, Fritz Lang fut impressionné par l’architecture des grandes villes américaines. Il installe ici le pessimisme du Cabinet du docteur Caligari dans un autre cauchemar, celui de la vie moderne, de l'espace architectural et de l’ordre social.
Disposant d’un énorme budget, de centaines de techniciens et de plusieurs dizaines de milliers de figurants, Fritz Lang crée, par sa magistrale habileté et son sens des foules, un monde terrifiant, inspiré de la littérature de science-fiction. Par son gigantisme (plus de trois cents jours de tournage), ses décors pharaoniques et ultra modernes, Metropolis, un des films les plus chers de l’histoire, manque de provoquer la faillite du studio UFA.
Metropolis est un drame social sur l’avenir du monde, l’injustice et la manipulation des puissants, une œuvre à la violence sous-jacente. On retrouve, dans ce film qui en annonce la fin, tous les thèmes de l’expressionnisme allemand : omniprésence de la mort, absence de la nature, thème du double, de la folie, de la fascination mutuelle.
Metropolis fut mal reçu par le public et la critique. D’une durée initiale de près de trois heures, il fut très rapidement amputé. De nombreuses versions ont circulé pendant des décennies, au point de penser la version originelle à jamais perdue. Mais, à force de recherches et grâce à une découverte en Argentine en 2008, Metropolis a repris sa forme presque initiale, dans une version de 2 h 25.
Avant cette redécouverte, le compositeur Giorgio Moroder a donné sa propre version du film de Lang. Il remonte le film en y ajoutant deux scènes retrouvées alors chez un collectionneur, le colorise, et signe une bande son qu’il donne à interpréter à un casting made in 80’s : Freddie Mercury, Pat Benatar ou encore Bonnie Tyler… Moroder déclarait à la sortie de sa version en 1984 : « C’est l’occasion pour toute une génération de découvrir un film qu’il n’irait sans doute pas voir dans une version muette. […] Aujourd’hui, il est enfin possible de mettre une musique sur ces images. Je pense que c’est ce que Lang aurait fait, s’il l’avait pu à l’époque. Mais si cela choque certains, ils sauront désormais qu’il y a des versions muettes de Metropolis dans le monde entier… »
Metropolis
Allemagne, 1927, noir et blanc, format 1.33
Réalisation : Fritz Lang
Scénario : Thea von Harbou, Fritz Lang, d’après une histoire de Thea von Harbou
Photo : Karl Freund, Günther Rittau
Montage : Fritz Lang
Décors : Otto Hunte, Erich Kettelhut, Karl Vollbrecht
Costumes : Aenne Willkomm
Coopération technique : Walter Schulze-Mittendorff (pour les scuptures), Eugen Schüfftan et Ernst Kunstmann (pour les effets d'optique)
Production : Erich Pommer, UFA
Interprètes : Alfred Abel (Joh Fredersen), Gustav Fröhlich (Freder Fredersen, son fils), Brigitte Helm (Maria / la machine), Rudolf Klein-Rogge (Rotwang, l'inventeur), Fritz Rasp (l’homme mince), Theodor Loos (Josaphat), Erwin Biswanger (Georgy, n° 11811), Heinrich George (Groth, le gardien de la machine centrale)
Sortie en Allemagne : 10 janvier 1927 (avant-première)
Sortie en France : octobre 1927
Version de Giorgio Moroder (1984, 1h23)
Mise en couleurs, musique, production : Giorgio Moroder
Sortie aux États-Unis : 10 août 1984
Sortie en France : 8 août 1984
Remerciements à Giorgio Moroder
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