Michael Clayton

Première mise en scène de Tony Gilroy, brillant scénariste des quatre premiers Jason Bourne, Michael Clayton est ce qu’on appelle un "film démocrate", fiction de gauche héritière des thrillers politiques et paranoïaques des années 1970. Mais ici l’ennemi n’est pas une masse indistincte et invisible, il porte un nom.

Grâce à une structure en flash-back, Michael Clayton installe le thriller dans un New York de buildings impersonnels et suréclairés le jour, de rues désertes et bleutées la nuit. Une atmosphère déprimante, bien inscrite dans son époque. « La réussite de Michael Clayton ne tient pas à la catastrophe écologique dénoncée, mais bien à l’ambiance dépressive et fatiguée qu’il décrit à l’encontre des avocats d’affaires. […] Leur Amérique y apparaît hivernale, insomniaque, engluée dans les compromissions, épuisée par l’obligation d’une réussite financière et d’une existence vouée au crédit. […] Les personnages apparaissent désincarnés par leur fonction professionnelle, véritables fantômes d’un capitalisme moderne sans foi, et paradoxalement, sans loi. » (Pierre Eisenreich, Positif n°560, octobre 2007)

Le personnage de Michael Clayton, incarné par George Clooney, est un anti-héros fatigué, toujours un peu défait. Écartelé par sa mission auprès du cabinet qui l’emploie, il devra choisir entre fermer les yeux ou révéler les agissements crapuleux d’une multinationale en dénonçant le scandale écologique et sanitaire en cours. Face à lui, la directrice juridique de l’empoisonneur U North, Tilda Swinton : « Une espèce de nonne guerrière qui a tout sacrifié à sa multinationale, sans repère moral ou affectif, elle glisse de transgression en transgression jusqu’à la transgression suprême. […] Impressionnante. » (Thomas Sotinel, Le Monde, 17 octobre 2007)