Midnight Express

Lorsqu’il est projeté en mai 1978 au Festival de Cannes, Midnight Express fait l’effet d’une bombe. Ce deuxième film d’Alan Parker, sur un scénario d’Oliver Stone, est l’adaptation de l’ouvrage autobiographique de Bill Hayes. En 1970, ce jeune Américain était arrêté en Turquie et condamné à trente ans de prison, avant de réussir, cinq ans plus tard, une évasion aussi risquée qu’improbable. Alan Parker sait alors qu’il s’attaque à un sujet polémique.

Avec efficacité et violence, Midnight Express plonge au cœur des geôles turques et d’un système judiciaire implacable, sourd aux supplications. Un cauchemar sans fin pour Hayes. Parker n’épargne rien à son spectateur : violence, torture, folie, sadisme… Pour lui, il faut en passer par là pour dénoncer la brutalité de la vie carcérale, l’incohérence des peines liées à la drogue et l’utilisation des citoyens comme pions sur l’échiquier diplomatique. Car l'aggravation de la première peine de Hayes est une réponse de la part des autorités turques aux accusations du gouvernement Nixon de laxisme face au trafic de drogues.

Midnight Express divise. C’est un énorme succès public. Mais de son côté, une partie de la critique s’interroge ou dénonce ouvertement. Car le film est ambigu. Pour dépeindre la destruction de toute dignité et humanité, Parker ne fait pas dans la demi-mesure : sans nuance, tout le peuple turc est représenté comme sauvage et brutal. Cette vision apparaît logiquement comme raciste, créant un scandale diplomatique. Le peuple turc se sent ostracisé. Jusqu’où peut-on donc aller pour dénoncer une injustice ?

Depuis Midnight Express est devenu une référence, grâce à ses images chocs, à son traitement et aussi au scandale qui l’entoure. Il recevra de très nombreuses récompenses, dont deux Oscars : meilleur scénario pour Oliver Stone et meilleure musique pour Giorgio Moroder.