P.T.U.

Cinéaste hongkongais, Johnnie To étonne par sa filmographie abondante et éclectique, où le mélodrame emboîte le pas au thriller et le film d’auteur côtoie le film commercial. L’œuvre dense de ce réalisateur hyper actif, le public européen la découvre à travers ses quelques films sélectionnés dans les festivals internationaux. À Cannes, Johnnie To est acclamé avec Breaking News en 2004 et Election en 2005. C’est encore en 2005, au cœur de cette effervescence, que P.T.U, pourtant réalisé en 2003, sort dans les salles françaises.

Errance nocturne dans les rues chaudes et désertes de Hong Kong, le film raconte les enquêtes parallèles de la police criminelle et de la P.T.U. Le réalisateur entremêle les pistes et déroule une narration chorégraphiée. Respectant unité de temps et de lieu, l’intrigue évolue en périmètre restreint, verrouillé.

Film d’action stylisé, sous influence de Sergio Leone et de Jean-Pierre Melville, idoles du réalisateur, P.T.U. est une œuvre résolument personnelle, à mi-chemin entre l’expérimentation et le film de genre.

Déambulation poétique soignée jusqu’à l’abstraction, le film profite de la photographie superbe de Cheng Siu Keung, qui compose une atmosphère nocturne, trouée de froides lumières urbaines. Le titre énigmatique de P.T.U., pour Police Tactical Unit, une fois prononcé (pity u), est une invitation à la compassion pour ces personnages aux destins croisés, perdus dans un Hong Kong désincarné.

« Sous le ciel disparu ne luisent que les néons, les éclaboussures pâles qui dessinent en négatif, un monde d’ombres et de silhouettes. […] Hong Kong tonne, Hong Kong murmure. Comme The Mission, son film jumeau, P.T.U. flâne entre mélancolie et brusques accès de violence […] To joue comme toujours, à tout retarder. L’action n’est jamais si ralentie que lorsqu’elle… s’accélère : un escalier à monter, un indic à torturer, un mitraillage sous feux croisés se prolongent, s’éternisent. La durée se mue en dureté, la tension en grâce. » (Fabien Baumann, Positif n°536, octobre 2005)