Pacific Rim

Avec Pacific Rim, Guillermo del Toro rompt avec ses productions précédentes et livre son rêve de geek, hommage à ses films d’enfance. D’un côté, le kaiju eiga, film de monstres génétiquement mutés par une catastrophe nucléaire (Godzilla en est le plus fameux représentant). De l’autre, le mecha, mettant en scène des personnages robotisés en armure. En associant ces deux sous-genres du cinéma de s-f japonais, del Toro confronte organique et mécanique.

Ici l’humanité livre une guerre contre les éléments, rien de moins. Pour parvenir à vaincre, les humains, enfin fédérés, voient au-delà des contingences politiques et nationales. Et pour mettre fin à l’apocalypse, la solution viendra de la science neuronale, de la connexion entre les  cerveaux des pilotes, mais également entre les cerveaux d’un scientifique – légèrement surexcité – et d’un kaiju.  

Grâce à un budget de deux cents millions de dollars, tout - les effets spéciaux numériques, les destructions massives et les combats homériques (loin des maquettes ravagées par des monstres en plastique des anciens keiju eiga,adulés du cinéaste) - est spectaculaire dans Pacific Rim. Del Toro s’est visuellement inspiré du Colosse, tableau longtemps attribué à Goya. Pour lui, son film relève plus du conte de fées que de la science-fiction. Sa signature : Pacific Rim est teinté d’un humour savoureux, à travers les personnages des deux scientifiques, de l’homme-amphibie et celui campé par son acteur fétiche, Ron Perlman, ici fantastique trafiquant d’organes de monstres, élégant mafioso aux  chaussures dorées.

« L’avantage avec del Toro, c’est qu’il est si inventif et si habité par ses propres démons créatifs qu’avec un concept aussi bébête que Robots contre dinosaures, il finit par concocter un divertissement complexe, intelligent et d’une beauté formelle assez époustouflante. » (Olivier Delcroix, Le Figaro, 17 juillet 2013). Une suite est prévue pour 2018 avec Steven S. DeKnight aux manettes.