Programme de courts métrages 1 : Harold à la rescousse, Harold chez les pirates, Mon ami le voisin, Un, deux, trois… partez !

En 1917, Harold Lloyd révise radicalement son personnage de Lonesome Luke, pourtant promis à une gloire certaine. Contre l’avis des producteurs, il abandonne les déguisements outranciers à la mode et chausse ses lunettes d'écaille, qui deviendront emblématiques. Dès lors, il construit méticuleusement son personnage et se montre toujours plus prolifique. Entre 1915 et 1919, il tournera 172 courts métrages. Costume sobre et bien taillé, canotier et cravate, qu’il soit riche à millions ou miséreux, Lloyd incarne la transparence. En France, son personnage est baptisé "Lui". Un pseudonyme qui va comme un gant à ce monsieur Tout-le-Monde du cinéma burlesque.

Dans Harold à la rescousse, en 1917, les filles n’ont d’yeux que pour le maître-nageur. Pour gagner les faveurs de celle qu’il aime, Harold endosse lui-même le rôle, oubliant qu’il ne sait pas nager. Sur les plages de Santa Monica, Lloyd orchestre avec panache la confrontation brutale entre le monde réel et son personnage lunaire.

Mais Harold n’est pas au bout de ses peines. Dans Mon ami le voisin, en 1919, le jeune homme mène une existence paisible quand une improbable série de quiproquos et de désastres le brouille avec son voisin. Dans la plus pure tradition du slapstick, cette comédie physique affirme le goût de Lloyd pour les catastrophes.

Cette même année, Harold prend part dans Un, deux, trois… partez ! à une féroce « course aux prétendants » organisée par les parents de sa bien-aimée. Une compétition effrénée et semée d’obstacles qui préfigure quelques-unes des plus brillantes poursuites de la carrière du cinéaste.

Finalement, toujours en 1919, Lloyd qui dispose de moyens grandissants signe Harold chez les pirates. Cultivant l’absurde, il met en scène son personnage aux prises avec un équipage de femmes pirates. En filigrane, se dessine la critique d’une société misogyne.

Face aux coups du sort, Harold oppose un visage serein et ne s’étonne de rien. L’écrivain Roger Vailland déclare en 1930 : « Harold Lloyd représente l’homme qui a une seule préoccupation et qui va droit vers son but sans même savoir qu’il y a des obstacles. […] C’est la victoire de l’innocence ».