Tout feu, tout flamme

Quatrième long métrage de Jean-Paul Rappeneau en quinze ans, Tout feu, tout flamme est une belle comédie, dans la lignée de ses précédents films : un duo que tout oppose s’affronte, avant de finalement s’apprivoiser. Pour celui-ci, le cinéaste a trouvé l’impulsion dans le Roi Lear de Shakespeare. En le relisant, il y voit le visage d’Yves Montand, avec qui il a déjà tourné Le Sauvage.

Mais si le motif de Tout feu, tout flamme est familier, le personnage féminin est différent. Pauline (étonnante Isabelle Adjani, mélange de fougue et de fragilité) est une jeune femme peu exubérante, tenant à bout de bras une famille avec une grand-mère fantasque et des petites sœurs bien dissipées. Sérieuse, voire austère, elle tient un rôle peu enviable. Face à elle, son père, hâbleur, charmeur et irrésistible, trempe dans des affaires plus ou moins véreuses. Pauline, la probité incarnée, résiste.

Dans cette comédie élégante, au scénario et aux dialogues ciselés (marque de fabrique de Rappeneau), le duo se déchire, se réconcilie, se chamaille encore et toujours, à un rythme enlevé. Fantaisiste, toujours en mouvement, entre rancœur et tendresse, Tout feu, tout flamme évoque les comédies anglo-saxonnes des années 1950. Rappeneau crée des instants suspendus, à l’atmosphère drôle ou émouvante, moments fugitifs aussitôt balayés par la reprise de l’action.

Pour le critique Gilbert Salachas : « Dès les premières images du générique en noir & blanc (un défilé de polytechniciennes et de polytechniciens), on ressent quelque chose de rare et de très agréable : le gage d’un plaisir anticipé. » (Télérama, 13 janvier 1982)