Un chapeau de paille d’Italie

À l’avant-garde du cinéma français des années 1920, René Clair s’inscrit dans le courant dadaïste avec Paris qui dort ou Entr’acte, court métrage qui provoque un scandale et assure la réputation du cinéaste. Après trois longs métrages plus commerciaux, il se tourne en 1928 du côté du vaudeville et adapte la célèbre pièce d’Eugène Labiche et Marc Michel.

Considéré à juste titre comme le plus grand film de la période muette du réalisateur, Un chapeau de paille d’Italie ébauche une sympathique caricature de la petite bourgeoisie. Clair déplace l’intrigue de 1850 à la Belle Époque, et transforme le vaudeville en burlesque. À la verve joyeuse de la pièce, le cinéaste substitue un comique de gags, résolument visuel, et se dispense presque de sous-titres.

Influencé par le cinéma de Chaplin et de Linder, René Clair bouscule le genre. En 1924, le cinéaste déclare : « S’il est une esthétique du cinéma, elle a été découverte en même temps que l’appareil de prises de vues et le film, en France, par les frères Lumière. Elle se résume en un mot : mouvement » (René Clair, Cinéma d’hier, cinéma d’aujourd’hui, Gallimard). C’est donc en cinéaste du mouvement qu'il nous entraîne au rythme haletant d’une mise en scène de course-poursuite, héritage du burlesque.

Le film connaît, dès sa présentation parisienne, un succès critique, mais ne fait pas une grande carrière commerciale. René Clair enchaîne pourtant avec une seconde adaptation, plus libre, d’une farce de Labiche, Les Deux Timides, qui sera également son dernier film muet.

En mars 2016, le Festival de cinéma muet de San Francisco et la Cinémathèque française joignent leurs efforts pour présenter une copie restaurée du film en 4K. Une restauration qui permettra de découvrir Un chapeau de paille d’Italie dans une version entièrement colorisée, tel qu’il fut présenté au public de 1928.