Troisième film de John Cassavetes, réalisé en 1962, Un enfant attend demeurera longtemps un intermède oublié du cinéaste.
Après Shadows, tourné en complète indépendance, Cassavetes avait été son propre producteur à la Paramount pour Too Late Blues. Ici, chez United Artists, il doit composer avec le tout-puissant producteur Stanley Kramer, qui remaniera largement le film, que le réalisateur désavouera totalement. Le producer's cut n’empêchera pas Un enfant attend d’essuyer un échec commercial, et fermera définitivement les portes des studios à Cassavetes.
Si le film échappe au cinéaste, il reste, à bien des égards, plus personnel qu’il n’y paraît. Sous le vernis du mélodrame hollywoodien, se devine encore l’empreinte du réalisateur. Alors que Kramer entraîne l’œuvre vers le film à thèse, Cassavetes s’attache à redéfinir les limites de la normalité.
Avec pudeur et distance, le cinéaste s’introduit dans cette institution pour enfants. Tandis que Reuben est campé par un jeune acteur, ses camarades sont sélectionnés parmi les petits pensionnaires d’un hôpital californien. Échappant au documentaire clinique, Un enfant attend raconte l’opposition de deux adultes dont les méthodes diffèrent.
Sous sa facture encore classique, le film est un plaidoyer émouvant en faveur du droit à la différence, thème récurrent de l'œuvre future de Cassavetes.
« Cette maison d’enfants apparaît comme le lieu originel des psychodrames futurs : déjà on a affaire à des corps muets, qui ne peuvent s’exprimer que par l’autisme ou l’hystérie […]. Là ou Kramer impose un plaidoyer convenu sur la tolérance, Cassavetes fait glisser plus insidieusement les frontières de la normalité : sous son regard, tous ces gamins préfigurent les grands enfants de Faces, ou de Love Streams, dans leur refus du masque social, dans leur ténacité à réinventer les règles du jeu. » (Noël Herpe, Libération, 13 mai 1998)
Un enfant attend (A Child is Waiting)
États-Unis, 1963, 1h42, noir et blanc, format 1.66
Réalisation : John Cassavetes
Scénario : Abby Mann
Photo : Joseph LaShelle
Musique : Ernest Gold
Montage : Gene Fowler Jr., Robert C. Jones
Décors : Rudolph Sternad
Production : Stanley Kramer, Larcas Productions
Interprètes : Burt Lancaster (le docteur Matthew Clark), Judy Garland (Jean Hansen), Bruce Ritchey (Reuben Widdicombe), Gena Rowlands (Sophie Widdicombe), Steven Hill (Ted Widdicombe), Paul Stewart (Goodman), Gloria McGehee (Mattie), Lawrence Tierney (Douglas Benham)
Sortie aux États-Unis : 13 février 1963
Sortie en France : 24 octobre 1979
Ressortie le 7 février 2018
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