Un petit carrousel de fête

Dans une fête foraine, une jeune Hongroise tournoie sur le siège d’un manège. Rayonnante, elle enlace un garçon. C’est sur cette image, pleine de fraîcheur, d’une jeunesse promise à un avenir radieux, que le cinéma hongrois semble émerger de la paralysie stalinienne.

En lice pour la Palme d’or à Cannes, Un petit carrousel de fête de Zoltán Fábri est une révélation. Pour le cinéaste, c’est le début d’une carrière éminente. Le triomphe de cette romance hongroise traverse les frontières et ouvre au cinéma national des perspectives nouvelles. Les années suivantes seront marquées par l’émergence de grands cinéastes hongrois, comme Károly Makk ou Miklós Jancsó.

La Croisette tombe sous le charme de ce petit manège émouvant. Future grande dame du cinéma hongrois, Mari Töröcsik trouve ici son tout premier rôle et séduit par sa spontanéité juvénile et franche.

François Truffaut, alors critique pour la revue Arts, écrira : «Voici enfin, à toutes fins utiles mon palmarès personnel. Grand prix : Un petit carrousel de fête. Prix de la meilleure interprétation : Mari Töröcsik pour Un petit carrousel de fête. » (Arts, 16 mai 1956)

L’œuvre de Fábri est profondément ancrée dans son époque. L’heure est à la collectivisation des terres et aux coopératives, qu’incarne avec ferveur Máté. Les conflits font rage avec les propriétaires terriens, représentés par le père de Mari.

Mais c’est la jeunesse qui triomphe ici. Le film déploie toutes les qualités de réalisateur de Fábri lors de la scène du bal, où ces enfants du pays défient la communauté tout entière en refusant d’interrompre leur danse.

Près de soixante ans plus tard, Cannes a présenté, en avant-première, une version restaurée du film. Le manège de Zoltán Fábri n’a rien perdu de sa naïveté touchante et de sa force poétique.