Troisième film de Jean-Luc Godard, Une femme est une femme succède à À bout de souffle et au Petit Soldat, alors interdit par la censure. Pourtant, le projet est bien antérieur et Godard en publiait déjà le scénario dans les Cahiers du cinéma, en 1959. « Comme Jules et Jim pour Truffaut, c’est mon vrai premier film » déclare le cinéaste.
Avec Une femme est une femme, il fait ses premiers pas en studio, mais découvre également le Cinémascope, le son synchrone et surtout, la couleur. Le procédé, coûteux, est encore rare chez les jeunes cinéastes de la Nouvelle Vague. Le budget du films’en voit considérablement alourdi (jusqu’à quatre fois ses précédentes réalisations).
Couleurs franches et contrastes forts, mise en scène chorégraphiée, répliques théâtrales, le cinéaste affirme son goût graphique de la couleur et des artifices. Des bribes de scénarios - phrases descriptives - sont incrustées au montage, en grandes lettres colorées : « C’est parce qu’ils s’aiment que tout va mal tourner pour Émile et Angela ». Avec Une femme est une femme, film tout en discontinuité, en ruptures brutales de rythme et de ton, l’inventivité formelle de Godard bat son plein.
Le cinéaste multiplie les clins d’œil. Alors que le couple Récamier se livre une guerre sans merci à grands coups de titres de romans, Belmondo lance distraitement à Jeanne Moreau, accoudée au comptoir d'un bistrot : « Et vous, ça marche avec Jules et Jim ? » Entouré des acteurs fétiches de la Nouvelle Vague, Godard signe une valse conjugale, orchestrée par Michel Legrand, hommage à Lubitsch et au film musical.Porté par Anna Karina, mutine et impérieuse, Une femme est une femme est un irrésistible portrait féminin et l’une des comédies les plus séduisantes, les plus imaginatives du cinéma français.
« Une femme est une femme est une étape importante du cinéma moderne, c’est le cinéma à l’état pur. C’est le spectacle et le charme du spectacle. C’est le cinéma qui retourne au cinéma. » (André S. Labarthe, Cahiers du cinéma n°125, novembre 1961)
Une femme est une femme
France, 1961, 1h24, couleur (Eastmancolor), format 2.35
Réalisation : Jean-Luc Godard
Scénario : Jean-Luc Godard, d’après une histoire originale de Geneviève Cluny
Photo : Raoul Coutard
Musique : Michel Legrand ; Charles Aznavour
Montage : Agnès Guillemot, Lila Herman
Décors : Bernard Evein
Costumes : Jacqueline Moreau
Production : Georges de Beauregard, Carlo Ponti, Euro International Film, Rome Paris Films,
Interprètes : Jean-Claude Brialy (Émile Récamier), Anna Karina (Angela Récamier), Jean-Paul Belmondo (Alfred Lubitsch), Jeanne Moreau (la femme au bar)
Présentation au Festival de Berlin : juin 1961
Sortie en France : 6 septembre 1961
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