Vers l’inconnu ?

Pour les habitants des montagnes libanaises, la vie est rude et l’avenir n’offre que peu de promesses. Dans les villages, les hommes rêvent d’une terre promise, le Brésil. Avec ce drame intime et mélancolique, Georges Nasser raconte le destin de ces familles que l’on laisse derrière soi, de ces jeunes générations qui, à leur tour, aspirent à l’exil.

À travers le récit de ce déchirement familial, le film explore le thème de l’émigration, au cœur des préoccupations du pays. Le cinéaste signe, avec Vers l’inconnu ?, un film aux accents néo-réalistes.

Georges Nasser revient des États-Unis, où il a étudié le cinéma, pour réaliser son premier film sur sa terre natale. Le manque d’infrastructures, de matériel et même de techniciens fait de ce tournage un véritable défi. Cinéaste passionné, il forme lui-même son équipe et fait preuve d’une grande inventivité pour pallier les difficultés techniques.

Avec Vers l’inconnu ? en 1957, le Liban entre pour la première fois en compétition à Cannes. Considéré comme le premier film d’auteur libanais, il se distingue dans le paysage national, alors largement dominé par le cinéma égyptien.

George Nasser s’impose à l'étranger comme un symbole de l’émancipation du cinéma libanais. Mais de retour au pays, le film ne trouve pas son public. Les salles privilégient les productions occidentales ou égyptiennes, le film est mal distribué, c’est un échec commercial. Nasser revient néanmoins sur la Croisette en 1962, avec Le Petit Étranger. Après la sortie de ce long métrage, en 1975, la guerre civile éclate et met fin à sa carrière.

L’œuvre brève, mais résolument moderne de Nasser, poursuit des voies nouvelles, entre documentaire et fiction, et marque un tournant pour le cinéma libanais. Longtemps méconnu du public, Nasser est aujourd’hui reconnu comme un cinéaste pionnier.