Voyages à travers le cinéma français

En octobre 2016, Bertrand Tavernier présentait au festival Lumière son Voyage à travers le cinéma français, documentaire fleuve de plus de trois heures sur les auteurs qui  ont marqué son parcours de cinéphile. Une exploration érudite et un travail impressionnant, fruit de longues années de recherche. « Je voudrais que ce film soit un acte de gratitude envers tous ceux, cinéastes, scénaristes, acteurs et musiciens qui ont surgi dans ma vie. La mémoire réchauffe : ce film, c’est un peu de charbon pour les nuits d’hiver. » C’est ainsi que Bertrand Tavernier présentait ce grand documentaire, très largement salué par la critique. Un an plus tard, il nous offre un peu plus de charbon et rajoute un S à son Voyage. Car le Voyage de 2016 s’est avéré trop court pour lui permettre de nous emmener à la rencontre de tous les cinéastes, de tous les films, des années 1930 aux années 1970, qu’il voulait encore partager. Le documentaire se prolonge donc en une série de huit films plus courts, destinés à la télévision, format qui lui laisse pleinement le temps de la promenade.

Huit Voyages donc pour revoir Jean Grémillon, Max Ophuls,  Henri Decoin, Sacha Guitry, Marcel Pagnol, Julien Duvivier, découvrir ce qui unit Jacques Tati et Robert Bresson, (re)découvrir Raymond Bernard, Maurice Tourneur, Anatole Litvak, René Clair, Jean Boyer, Pierre Chenal, Henri Calef, Gilles Grangier, ou encore Pierre Granier-Deferre, Alain Resnais, Jacques Rouffio, José Giovanni, Yves Boisset et bien d’autres… Tout en faisant un détour par le cinéma de l’Occupation, les femmes réalisatrices (Jacqueline Audry, Nelly Kaplan, Agnès Varda), et les musiques de Michel Legrand, Maurice Jaubert, Georges Van Parys, Jean-Jacques Grünenwald… La liste est longue et passionnante ! À travers extraits, lectures, documents d’archives, Bertrand Tavernier réhabilite des cinéastes oubliés et livre toute son affection à ceux qui n’avaient pas quitté nos mémoires.

« Cette série de films, un projet pour lequel je me bats depuis quatre ans, se veut un voyage, un vagabondage à travers le cinéma français. Pas d’approche universitaire ou historique. Un acte de reconnaissance et de gratitude envers tous ceux qui m’ont bouleversé, bousculé, enrichi. Tous ceux qui se sont battus pour le cinéma et grâce auxquels j’exerce ce métier. […] Je ne peux, ni ne veux être exhaustif et je privilégie les films que je connais bien et que j’aime particulièrement. Je veux tenter d’éclairer une œuvre avec quelques films, parler à la première personne. » (Bertrand Tavernier)